#rectoverso #05 | la chambre, la sortie, l’entrée

la chambre, la sortie,

le sol jonché de détritus, sous les fauteuils, des capsules, pots de yaourts vides et d’autres pleins, pas ouverts,  périmés de très longue date, des clopes qui ont trouées les bras du fauteuil, on voit les petits cercles brunâtres, par-là que le feu aurait pu, des quignons de pain, en veux tu en voilà, depuis combien de temps ces baguettes rassies, le linge froissé exposé sur les meubles, les journaux, surtout du porno, on aura à les classer pour jeter, ça n’en finissait pas, les draps en boule à terre, les draps qui disent que le sommeil dans un lit, c’est fini, et pour longtemps, des clopes de toutes longueurs, dans les cendriers, mais aussi sur le sol, avec des traces brunes, encore des trognons de pommes, aussi des navets, pourquoi des navets, et ça pourrit les fruits et les légumes, surtout en plein été, on était entré par la porte, par où sinon, on avait dû appuyer sur le loquet, délicatement, on avait la trouille, et puis d’un coup la puanteur, à ce point on imaginait pas, et de gros sacs poubelle à remplir avant de gerber en s’excusant du peu

la chambre, l’entrée,

sur le trottoir et on zieute la fenêtre à rideaux non occultants. on est happé. est-ce une chambrette pour étudiant ? qui donc à ce jour pour entrer et sortir de cette chambre ? qui pour y dormir, y ronfler, y faire l’amour ? un à la vie potable ? avec une vie sans accroc avec des murs nets ? ni trace de café, de bière, pas de verres qui se cassent, se renversent ? une chambre avec un loquet qu’on ouvre sans question ou appréhension, juste on rentre et on sort, le loquet juste un outil qui sert à ouvrir et à fermer, pas à border son ombre, on avance normal, sans avoir la conscience qu’on se couche dans un lit ou qu’on s’appuie sur une étagère, tout étant là, comme une habitude, qui ne déroge à rien, on ne sait pas que les draps sont faits pour être étirés aux quatre coins du sommier, on le fait ! dormir se laver s’habiller, dans l’ordre des choses, les mains les bras font leur travail, ils tournent autour de notre propre corps sans rien demander à personne, l’habitude nettoie toutes les aspérités, on se coule dans son heure, on est dans ses chaussures, dans son bain, on y est, c’est tout, on se lève sans comprendre le moins du monde qu’on est debout, on rit en large, même qu’on agite sa main à la  fenêtre ! car la fenêtre on l’ouvre, on s’y penche. on dira que c’est un étudiant. peut-être qu’il étudie la médecine. il est en 2ème année. il apprend tous les os par cœur, quelle mémoire. il pourrait citer tous tes os, à toi, 2 pieds sous terre. toi, les étoiles, et lui les os. on a fait le partage. on dira que celui-là ne t’a pas connu. c’est à nous en bas qu’il a fait signe. plutôt bon tempérament. sur la vitre on aperçoit un rayon de soleil et puis la pie qui chante

A propos de Judith Judith

judith judith écrit de la poésie et la performe

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