#rectoverso #09 | Détails

Dans le chapiteau vrai, le faux intérieur. L’éclat de voix est en allemand. Il y a au moins trois chapeaux de paille. Il y a une odeur de bière sans alcool dans des chopes qu’on recouvre ce soir d’un papier alu pour qu’elles rejouent demain.

Dans l’entrée fraîche avec le gilet sur le rockingchair, le dimanche midi, l’odeur d’un poulet au four. Plus tard, une odeur de renfermé, comme chez une grand-mère.

Dans un lieu qui m’intimide, des œufs aux plats, et les regards qui vont de la cuisine au salon.

Dans le couloir, l’odeur-là, de l’hôpital qui mange, et des blouses blanches qui pressent.

Dans le carré du train, les frites et la viande, mangés par des manches retroussées, par des corps penchés pour faire tomber les sauces.

Dans l’espace entre mes deux mains, un tissu rouge, un fruit.

Dans l’ascenseur, le parfum fort de la personne d’avant, venue pieds nus au petit déjeuner, je sais c’est elle, l’heure concorde.

Dans le camion le reste d’alcool, sur les gens et le sol, des vêtements lourds tombés, trempés de pluie.

Dans la rue uniquement celle-là, l’odeur de la viande qui cuit, barbecue urbain, les vêtements sont sombres.

Dans ma chambre traîne au matin, l’odeur du café qui monte et en tissu les plis, des paupières qui cherchent.

3 commentaires à propos de “#rectoverso #09 | Détails”

  1. « Dans l’espace entre mes deux mains, un tissu rouge, un fruit. » C’est beau. merci Nolwenn pour tous ces détails qui comptent.

    • Merci Cécile pour ta lecture, effectivement, ce point de départ a fait partir sur des choses plus aux frontières…

  2. belle déclinaison des « chambres » ou lieux avec parfums attachés à chacun et personnage
    comme de petits tableaux odorants…
    (je retrouve à la fin l’odeur du café qui compte aussi dans ma #09 !!)
    salut Nolwenn