#rectoverso #09 | nos autels

Les bibelots authentiques. Les bibelots rares et périmés. Ceux qu’on nous offre. Du beau pour décorer. Bibelots de rien. Bimbeloterie. Les bibelots uniques. Posés. Exposés.  On les époussette chaque matin. On les pose délicatement sur des napperons faits main. On les regarde à peine. On n’est pas au musée. D’Espagne : une danseuse espagnole. D’Alsace : un ramoneur alsacien. D’Angleterre : un soldat en habit rouge. D’Afrique : un enfant noir portant une hotte. Vêtu de peu et les pieds nus, l’enfant est hilare. Il vient d’Afrique. Le bibelot, je ne sais pas. De chine peut-être. C’est un enfant représenté. Un enfant africain. Et dans sa hotte. Pleine. Sa hotte est remplie. Sa hotte est pleine de bonbons à la violette. Avec le temps. Avec l’humidité. Les bonbons s’agglomèrent en une masse collante. On les oublie. Et lorsque l’envie nous prend. Par ennui. On est devant. Des bonbons à la violette. Pourquoi pas. Lorsque, alors. C’est tout l’agglomérat sucré qui vient. Avec l’enfant noir. Qui se détache d’un coup et manque se briser sur le linoléum du salon. Il arrivera qu’on ne le rattrape pas. La masse sucrée reste dans la main. La figurine est par terre. Pauvre enfant nègre en mille morceaux. Tout ça pour des bonbons à la violette. On en ramasse les débris à la pelle. On fait attention à ne pas rayer le lino. Le bibelot finit à la poubelle.

A propos de Nicolas R.

Je vis au Mozambique. Prof doc de hasard (heureux) depuis quelques années. Facteur longtemps. Écrire. Pétrir. Pécrire ? Pécrire v. tr. (3e groupe)