#rectoverso #11 | choses qui devraient être dites clairement

Choses stupéfiantes et pétrifiantes: quand on a honte de soi, quand on a honte des autres
Les faits étranges dont on n’ose parler aux cartésiens
Les quatre éléments toujours présents : animal végétal minéral humain
Le visible ne doit pas taire et cacher l’invisible
Les peurs de mourir
Le besoin de mettre du noir pour pimenter l’écrit parce que sans noir on ne sait pas
Écrire quand les autres sont là, puiser l’énergie manquante dans leur présence (discrètement)
On jette les mots, on ne s’accroche pas
Écrire ce qui accroche, différent de s’accrocher à, encore plus de s’accrocher avec
Il doit toujours y avoir une place pour les canards, j’entends les volatiles
Les doutes doivent être regardés en face (écriture et réel) : lesquels aujourd’hui ?
Choses qui éparpillent : attention
Choses qui dérangent auxquelles on ne réagit pas : attention
Choses qui ne dérangent pas mais n’arrangent pas non plus: garder l’œil
Choses qui devraient être dites clairement: osons
Choses qui donnent du lyrisme : attention
Choses précieuses impalpables, (choses précieuses palpables ?)
Pourquoi cette collection de 132 crayons gris ?
Devoirs sans droits?
Les noms de famille, les pseudonymes, les noms d’épouse, les noms d’adoption, les noms acceptés, les noms obligés, les noms choisis, beaucoup de non
Choses auxquelles on dit oui
Choses interdites bien que très tentantes
Choses qui nous laissent les bras ballants
Quels sont les choix ?

HONTES DES AUTRES
Vous avez un conjoint saoul à rouler sous la table au mariage de votre frère

À la pause-café les collègues tombent dans des blagues de cul à répétition d’un niveau que vous n’aviez jamais imaginé, vous avez honte double: de votre corporation et de vous taire

Vous êtes au cinéma pour voir un film musical culte avec Prokofiev, vous vouliez y aller seule, votre partenaire non mélomane a insisté, il ronfle très fort pendant les pianissimos cultes

Votre êtes avec une personne qui coupe la parole et monopolise les conversations avec son savoir historique très pénible, vous voyez que les autres se taisent et restent polis, vous faites comme eux

Un prof en salle des profs descend un parent dont vous savez qu’il est démuni matériellement et intellectuellement et lutte pour survivre avec tout son amour pour ses enfants

Votre première belle-mère parle de vos œufs sur le plat en matière de seins, vous avez honte de sa vulgarité, heureusement que vous n’êtes pas avec vos amis vous auriez vous-même honte d’être tombée dans ce milieu improbable

Malgré vos courriers le juge des tutelles vous a convoqué à 700 kilomètres de chez vous, avec votre père qui est en fauteuil roulant et que vous avez sorti de l’Ehpad en ambulance, votre père n’est plus capable d’aller aux toilettes seul et n’a plus de conversation à part cette obsession d’aller aux toilettes. Le juge honteux s’excuse, vous excusez le juge, honteuse de la justice

À votre mariage, votre première belle-mère, toujours elle, vous tend une jarretelle à se faire enlever par les hommes qui vont venir tâter votre cuisse sous la table du banquet, vous ne connaissez pas cet objet ni cette coutume, votre mère pète les plombs, merci maman quand même, vous ne savez plus parmi les trois femmes dont vous de qui avoir honte, mais comprenez parfaitement que vous vous êtes totalement plantée, malheureusement vous êtes déjà passée par la case mairie. Nouvel objectif: case tribunal




A propos de Valérie Mondamert

J'anime des ateliers d'écriture dans les Alpes de Haute-Provence depuis 20 ans, (DU d'animateur en atelier d'écriture en 2006, à Marseille), je suis prof de musique et je mêle avec joie les deux fonctions. J'ai publié des récits.

18 commentaires à propos de “#rectoverso #11 | choses qui devraient être dites clairement”

  1. Votre texte résonne. La honte si difficile à nommer et que je trouve si bien circonscrite dans votre texte. Merci

    • Merci Louise, j’avais fait la honte de soi mais je trouve que la honte des autres est plus cruelle.

  2. J’adore le côté mordant, caustique des situations décrites dans le texte Honte des autres. Idem dans le recto : « On jette les mots, on ne s’accroche pas ». Merci pour ce moment de lecture… jubilatoire !

    • Merci pour le retour! J’aime bien le côté légèrement noir des choses, contente d’avoir réussi à l’écrire (sans retours on ne sait jamais ce qu’on a écrit). Merci donc!

  3. c’est très fort de parler de la honte. très rare et très réussi. merci.

    • Quelqu’un de l’atelier (je vais le retrouver si je refais toutes les lectures) l’avait fait avant moi, ça m’a inspirée. Oui la honte, c’est intéressant, et je reste étonnée que l’on puisse avoir honte des autres: un mystère que j’aimerais comprendre. Merci pour votre lecture!

  4. « Écrire quand les autres sont là, puiser l’énergie manquante dans leur présence » je dirai discrète plutôt que discrètement et sans la parenthèse. Pour ma part, c’est ce que j’ai finalement fait.
    La honte, il me semble l’avoir lue dans une contribution récente mais je ne sais plus de qui ni quand !?
    DU 2006 ? Moi 2020 (la promo covid/confinée) 😉

  5. Le même DU, joie! Oui la honte, l’un d’entre nous a écrit dessus il y a peu, mais je ne retrouve pas le texte, et ce sujet me questionnant, j’ai saisi l’occasion de poursuivre.
    D’accord pour le « discrète », ça me va.
    Et merci pour ton retour!

  6. Choses qui devraient être dites clairement: osons
    oui oui oser!! et merci pour les portraits de la honte, cruels , drôles, tellement vrais!!

  7. Merci George! entre temps j’ai retrouvé qui avait écrit sur la honte, c’est Patrick Blanchon dans son #10 rectoverso. Merci aussi à Patrick donc.

  8. Comme Cécile je relève « Écrire quand les autres sont là, puiser l’énergie manquante dans leur présence » certainement parce que le groupe permet de se confronter « Les doutes doivent être regardés en face », puis finalement le rythme (de l’atelier) le permet « On jette les mots, on ne s’accroche pas »… merci pour tout cet humour dans les textes qui font mouche !

  9. Je pensais aux autres, ceux qui sont dans la maison, mais oui le groupe aussi bien sûr, double énergie, et cette confrontation je ne l’avais pas identifiée, oui on ose lancer des textes et on voit comment ça retombe. Merci pour ce retour!

  10. énergies partagées par delà la distance et les faces inconnues ou presque, ou alors juste des portraits en petit
    tout le monde relève le mordant des scènes évoquées, je n’en rajoute pas, je vais plutôt mentionner les éléments que tu évoques, avec la distinction entre animal et humain… décidément oui tu as raison, il faut les distinguer
    bien à toi et à se suivre plus loin…

  11. Merci Françoise, à se suivre oui, dans nos écritures quasi labyrinthiques