#rectoverso #13 | L’échelle du monde

J’attends que la rue vienne.

Bosselée et ronde. Grattée en dedans. Rayures internes dites stries. Les pattes des rats. Les griffes sur le béton. Les griffes sur les portes en bois. Les ongles et les déserts des gens. Les rafles pour rien. Les cris de verres. Les boursoufflures. Les choses écartelées en partant de l’intérieur. Pas propre. Les pieds traînent et gonflent le sol. Les joues gonflées. Tout prêt à éclater. Gonflé à bloc. Des corps qui soulèvent les poitrines vers le haut. Membrane qui dépasse. Peau en surplus. Ville grasse. Peaux beiges et grises de la rue ville. Poussières. Sangs des regards. Bras durs. Corps lourds à déposer. La rue ne passe pas au tamis. Débouchure des fleuves. Huile dans la boue du fond de lave. Os à peler. Les bruits au fond des oreilles. Rendus. Bruits qui percent. Gonflement d’attente. J’attends. Grouillement et fourmillements des rats souris humains hommes femmes enfants chiens chats brebis moutons perruches pigeons corneille bac à poubelles tri égorgement fixation durable pâte molle les cuisines grasses toilettes à public services trottoirs pelles la rue, la rue est là. J’attends. J’attends que la rue vienne.

Nous sommes au monde. Nous partageons la même frontière.

Voix 1
Le monde n’est pas au monde

Voix 2
Le monde est à une autre personne qui elle-même l’a emprunté

Voix 3
Le monde s’élargit

Voix 4
Le monde est un ballon à l’hélium. Nous sommes dans le creux.

Voix 5
Les frontières sont des glaces à fondre

Voix 6
Je est une illusion d’optique. Nous n’est pas réels

Voix 7
Quel est le prochain jeu

Voix 8
Je suis prête aux débordements, frontière là-bas

Voix 9
Monde partagé

Voix 10
Petite échelle

4 commentaires à propos de “#rectoverso #13 | L’échelle du monde”

  1. La poésie théâtrale est une réussite, merci Nolween. Et j’adore ta phrase :

    J’attends que la rue vienne.

  2. Magnifique, quel contraste entre les deux parties ! Me fait penser aux chiffonniers (Baudelaire) d’un côté et à Walter Benjamin de l’autre avec des réflexions philosophiques « Le monde est un ballon à l’hélium. Nous sommes dans le creux. » Merci Nolwenn.