1.
La petite maison derrière les tournants, on y arrivait en suivant le canal d’irrigation des jardins et potagers alentour. Elle se trouvait sur la gauche dans la descente et son perron minuscule comprenait quelques trois marches de pierre où poussaient dans les interstices des nombrils de Vénus. Suivait une plateforme constituée de dalles puis l’escalier aux pierres disjointes et on se retrouvait nez à nez avec la vieille porte vitrée à petits carreaux.
Une fois entrés, la cuisine était là pour nous accueillir puis dans son prolongement, un bout de pièce avec patères où poser sacs, manteaux, bottes. De là, on agrippait d’une main les barreaux d’une l’échelle, de l’autre le bébé. Sous notre poids, le bois grinçait. Tout en haut la chambre nous attendait. Jamais nous ne sommes tombés, jamais nous n’avons hésité à grimper, jamais nous n’avons voulu d’un escalier.
2.
L’ascenseur minuscule avait la lenteur d’un jour sans pain. On l’attendait en penchant la tête vers sa cage comme si de regarder ses câbles allait l’inciter à descendre plus vite. Les trois quart du temps, nous perdions patience et nous montions au troisième à pied et souvent en enjambant des marches, énervés que nous étions d’avoir attendu. Tout était bleu vif dans l’escalier. Le sol, le plafond, les portes. L’ascension dans cette couleur lumineuse —d’autant que nous venions du dehors où le ciel était gris et brumeux— avait sur moi, l’effet d’une piscine où poisson, je nageais à l’air libre et toutes nageoires au sec.