L’histoire des touristes allemands armés de petits marteaux qui emportèrent chez eux un souvenir de l’allée couverte
Premier touriste :
j’ai déjà faim. Leur truc ce matin à l’hôtel, ça nourrit pas. Deux morceaux de pain, à peine la taille de la main. Et encore, une main d’enfant. Disons la main de Helmut, le petit, pas son grand-père. Et encore appeler ça du pain ! Rien à voir avec le notre, rien de consistant, c’est tout léger, volumineux et sans poids. Sur la tranche on voit toutes les bulles de la pâte figées par la cuisson. Au moins le notre, il est dense, il tient au corps. Celui-là, même pas une heure, il est tout digéré. La baguette française ? une arnaque. Et pour mettre dessus, un minuscule carré de beurre, d’accord il y avait le choix entre doux et demi-sel, je ne lis pas le français, j’ai eu du demi-sel, j’aime pas. La confiture, une cuillerée de gelée figée dans une cupule de plastic. Un café très fort dans une toute petite tasse. Le jus de fruit ça allait. Un mauvais départ, d’accord le voyage ne coute presque rien. Mais là, le petit déjeuner « continental » on ne m’y reprendra pas. Mon estomac gargouille, ils doivent tous l’entendre.
Le conducteur de bus :
Comment on dit interdit déjà ? Ah oui, verboten… Le ramassage des galets est interdit sur les plages. Je l’ai vu affiché chez eux quand j’ai ramené ceux d’avant. C’est vrai qu’ici, il n’y a pas de panneau indiquant précisément ce qui est interdit. « Merci de préserver cet espace protégé » c’est vague comme conseil. OK c’est pas de galets. C’est pire ! D’où ils sortent leurs petits marteaux, c’est quoi cette lubie. Non, ils ne vont pas oser faire ça. Si ?
Le guide :
Une demi-heure, pas plus j’ai été précis. Après, on a juste le temps de rejoindre Barnénez. Là-bas pas question de petit souvenir. Ici, ça ira. En faisant vite. C’est la première et dernière fois que j’accepte un truc pareil. Je risque ma licence.
Le voisin :
Un groupe de marcheurs. Ah non, ils viennent d’un bus. C’est la célébrité. Il va tourner où ? Il a pas intérêt à se garer devant ma sortie. Ni à écraser mes rhododendrons.
Tres chouette ! Les petits marteaux ? Mystère.
Merci Emilie pour ton passage. Oui, mystère mais le titre le dévoile un peu.
j’ai visité Locronan avec ma soeur il y a deux ans, puis je suis revenue dans mon petit Pathelin de là où j’habite en ce moment. C’est pas que je l’ai pas vu venir, je suis de l’île d’Oléron, en faisant des recherches, j’avais lu que les « femmes de l’île » avaient tout compris dès l’apparition du mot « tourisme » vers les 1830.
Pitêtre qu’en cherchant dans les archives de l’île on trouverait des trucs…parce qu’il y a des coins de l’île, encore aujourd’hui, parait qu’on les voit pas…elles avaient du trouver comment communiquer « interdit » sans même avoir besoin de l’écrire.
Bref de bref. Merci de la lecture, ça déride ma vision des « rangs d’honneur » passant devant la fenêtre…
merci Alexia. Oui j’ai connu aussi les rangs d’honneur auxquels s’ajoutent les coup d’œil indiscrets qui cherchent à voir plus loin que les rideaux en dentelle.