- Peu de gens savent que l’île est plus grande que la ville en face, que son territoire est immense. Je peux en faire le tour à vélo, je n’en vois jamais la même chose. Ça me prend une bonne partie de l’après midi. Une fois, je suis reparti de l’île à la nuit tombée. Elle m’a eu l’air encore plus grande, dévorée par l’obscur. Fantomatique.
- Ici pour la chasse, les buissons regorgent encore de bestiaux, de lapins, de lièvres. On avance le nez par terre pour identifier les empreintes dans ta glaise molle. L’île c’est ça, à ras du sol ou à hauteur de petit mammifère. Parfois le regard se lève vers les arbres pour identifier un rapace, autre chasseur, concurrent potentiel ou rabatteur. Les sangliers, on les a pistés depuis l’autre bout de l’île. Après c’est le chien qui les a reniflés.
- L’île, ce sillon quotidien que je trace, qui me tisse depuis presque six ans, qui me constitue. À perte de vue, la végétation, les cultures, loin de mes racines paysannes charentaises mais ce paysage fluvial, ces plantes d’eau, ces espaces humides, sont évocations vertes d’enfance joyeuses à patauger dans les marécages.
- A petite foulée, l’île. Je la parcours comme terrain d’entraînement. Je ne sais pas grand chose de sa faune et de sa flore mais parlez-moi du sol. Une terre souple qui amortit parfaitement la course. Une terre douce sous les pieds et le vent qui accélère ma course.
#histoire #10 | Ce qu’il est, ou pas
Ce qu’il est : surveillant le lendemain du coin de l’œil sans réellement paniquer mais s’inquiétant quand même un peu, fronçant les sourcils puis haussant les épaules. Non, ce qu’il est en fait : profitant de l’instant, navigant à vue, amarré à vie précaire, se frottant à l’incertain, au flou, flottant lui-même entre deux eaux mais s’assurant de ne pas couler. Non Continuer la lecture #histoire #10 | Ce qu’il est, ou pas