Je n’eus ni voile ni robe blanche. Nous évitâmes son village pour nous marier dans ma ville. Depuis l’appartement familial nous allâmes à pied à la mairie d’arrondissement. Nous devant la noce derrière. Il ne manqua que le violoniste pour nous ouvrir le chemin et la charrette tirée par un cheval pour transporter nos vieux parents peinant à la traîne. Un frère porta son fils sur ses épaules un pistolet en plastique à la main. Un beau-frère poussa une poussette vide. L’enfant s’envola lui aussi sur ses épaules. Tous les enfants furent sur les épaules de leur père ce jour-là sauf ceux qui n’étaient pas encore nés. La noce emprunta le métro. Dans la rame sans chauffeur, nous fûmes stoïques, moi avec mon bouquet de fleurs fraîches à la main, lui avec son petit nœud papillon grenat et sa chemise à carreaux. En fin de journée la noce monta sur la colline admirer le paysage redescendit par des escaliers sinueux et se promena dans les rues de la vieille ville. Nous criâmes avec la cloche. Une vache morte flottait au-dessus du ciel comme sur une toile de Chagall. Avec le tracteur de la route qui descend. Avec son moteur. Avec le galop du cheval. Avec sa robe trempée de sueur. Et les flonflons.C’était une fête d’anniversaire. J’avais toujours mon bouquet de mariée à la main embaumant le jasmin et le seringa. Au matin sa mère les cueillit dans le jardin, elle coupa une rose rouge et un lupin. Le tout attaché avec un lien de dentelle anglaise. Ma robe de mariée était noire agrémentée d’un petit col blanc dentelé. Cachée par le rideau de la fenêtre on ne vit pas tout de suite la vache voler. Le matin du jour où il mourut il portait un short et la poubelle. Sous la bâche noire il y avait une vache morte. Le soir il ne vit pas qu’elle n’y était plus il était mort. Alors je rembobinai le film. Avec la poubelle et son short il revint à la maison à reculons. La vache sortit de dessous la bâche et rentra tranquillement à l’étable elle aussi à reculons nourrir son veau. Je me réveillai au contact de ses lèvres sur les miennes. J’ouvris brusquement les yeux et constatai avec dépit qu’il s’était volatilisé. Je ressentis la douceur de ce baiser comme s’il me l’avait déposé en planant. Je tendis la main mais je n’attrapai qu’un vide lourd et poisseux. Et les blés rosirent dans la lumière du soir.
Codicille : Un avant et un après à partir d’un extrait emprunté à NATHALIE HOLT | SOIR
« Alors je rembobinai le film. Avec la poubelle et son short il revint à la maison à reculons. La vache sortit de dessous la bâche et rentra tranquillement à l’étable elle aussi à reculons nourrir son veau. Je me réveillai au contact de ses lèvres sur les miennes. » c’est magnifique . Je rêve et je vole avec la vache. Et ces morts qui se lèvent. Et cette marche à reculons et les blés (qui) rosirent …
ça éclaire complètement la proposition et m’invite à repenser la 11 bis . Merci Cécile
Il était évident pour moi de partir d’un autre texte que le mien et mes yeux se sont arrêtés sur tes mots : « Avec le tracteur de la route qui descend. » « Nous criâmes avec la cloche. » Je tenais un avant et un après pour la #11bis. Merci à toi Nathalie !
Tu arrives juste dans boost Cecile? Je n’ai pas trouvé d’autres textes de toi dans cette catégorie . j’ai raté des étapes ? Bonne journée
Non non je participe à peu près depuis le prologue. Mes textes sont dans les pdf collectifs. Avec du temps je les verserai dans le wordpress. J’ai publié la #11bis parce que je partais de ton texte ^^ Merci