#histoire #03 l Liste chiante

Codicille : J’ai cru mourir d’ennui en écrivant ce texte et je viens de manquer mourir une deuxième fois en m’infligeant la relecture. Parviendrai-je un jour à vraiment comprendre la passion de Mr Bon et de sa famille littéraire pour la mise en listes descriptives du monde ordinaire  ? (Bon, j’ai bien compris qu’il s’agit de défier la paresse du regard quotidien qui glisse sur 99% du réel, je ne suis pas complètement idiote, c’est juste que je n’arrive pas à le goûter) Il faut bien que je persévère, pourtant, vu que : 1)je suis embarquée dans un bateau dont Mr Bon tient la barre, et 2) Je suis snob et qu’il n’y a rien de tel que les listes de trucs sans intérêt pour se distinguer.

Salon de thé de la librairie Ombres Blanches, Toulouse

1. L’homme au LG Gram noir
Assise : tendue. Épaules en porte-manteau, dos décolé du siège (vient de s’y affaler, preuve que j’avais raison pour la tension), yeux rivés sur l’écran, mains en poing sur haut des cuisses
Coiffure : entre afro et bouclé. Métis, quoi
Détail : moustache en accent circonflexe
Expression : a beaucoup changé depuis qu’il sent que je l’observe. Sinon : absorbé par l’écran.

2. L’homme à l’HP gris
Assise : penché en avant, coude gauche sur la table, intérieur de la paume gauche soutenant le menton, autre main cachée par l’écran.
Coiffure : cheveux noirs, couts, je soupçonne une pointe de gel (effet mouillé et volume peu naturel)
Détail : bracelet type rosaire
Expression : a changé depuis qu’il sent que je l’observe. Sinon : absorbé par l’écran.

3. Femme à l’apple gris
Assise : dos bien droit, non adossé, une main sur le pavé tactile, l’autre sous le menton
Coiffure : cheveux bruns longs, ondulés, sans volume (sans doute nature grasse)
Détail : lunettes de forme sévère
Expression : absorbée par l’écran, profonde réflexion.

4. Femme à l’apple gris
Assise : droite, non adossée, penchée vers l’écran, main gauche couvrant la bouche comme un parapluie , main droite posée sur le clavier
Coiffure : longs cheveux noirs, ondulés, type discret métissage méditérannéen
Détail : lunettes coquettes
Expression : absorbée par l’écran

5. Fille au roman de poche (impossible de voir le titre et je suis échaudée par le fait de m’ettre déjà faite repérer deux fois, donc je lâche l’affaire)
Assise : dos vouté, main droite tenant le livre, coude gauche appuyé sur la table, main gauche cachant la bouche, paume vers l’extérieur
Coiffure : longs cheveux chatain raides
Détail : lunettes coquettes, contour très brillant
Expression : absorbée par son livre.

9 commentaires à propos de “#histoire #03 l Liste chiante”

  1. Il n’y a pas lieu de se distinguer : nous sommes des individus (tout être formant une unité distincte), à quoi bon en faire démonstration ?
    Nous vivons une époque qui cache le travail, l’effort, François Bon en témoigne au contraire (Sortie d’usine, Daewoo, mais aussi Proust est une fiction, ou l’Incendie du Hilton…).
    Si la consigne vous semble plate, la meilleure critique consiste à en écrire une version déployée. De l’utiliser comme un point d’appui, et non comme un monde en soi…
    Vous pourriez lire Thomas Wolfe, L’Histoire d’un roman, traduction de Matthieu Gouet. Ses années de listes et la démarche qui les anime permettent quatre livres majeurs.

  2. Je ne vais pas évoquer la théorie littéraire, je n’y connais rien, mais si je peux me permettre, on est dans un cycle « histoire », et pour trouver des histoires à écrire (et surtout une histoire qui te hante), il faut passer en mode écriture et sortir ses antennes, il faut alimenter la machine à raconter, dans ta liste il y a énormément d’histoires possibles, elles sont dans les vides, est-ce qu’il y l’histoire que tu dois écrire, je ne sais pas, peut-être.

  3. Bon, les amis, il y a quand même une bonne dose d’humour dans mon codicille… Passée inaperçue, au temps pour moi :/

  4. Natacha, tu es directe dans ton propos et pourquoi pas !
    Par contre en te lisant et si tu croyais un peu dans ce que tu écris, tu pourrais rencontrer Le vertige de la Liste d’Umberto Eco

  5. Ah ben oui, de l’humour… et de la rigueur ! Moi, je trouve le cocktail plutôt réussi et de savoir qu’on le sert au salon de thé d’Ombres blanches… Il faut que je me trouve une occasion pour y aller !