L’eau blanche s’est répandue, étouffant les promesses. Sous les vitres pointilleuses, l’arc-en-ciel a cru résister.
Il faut faire un effort pour garder la tête droite. Ne pas la tourner, ne pas la voir. Elle et son corps tordu, traçant, depuis sa main jusqu’à sa hanche droite, une demi-lune.
Elle plie. Il la plie. Elle se plie.
Pendant que, debout, il rôde. Elle plie, se tord, au bord.
Certains diraient du gouffre, de la rupture.
Labyrinthe sans murs. Murmures. Murs. Murs.
Labyrinthe noir et blanc.
Ses mains. Lancées en auréoles. Mains sous tête, mains sur pieds. Pieds plats, pieds nus. Dans la neige. Elle attend d’être mordue. Les dents ne mangent pas ses pieds – qu’elle a – nus dans la neige.
La tête ploie vers le sol et ses pieds et ses mains tendues vers le ciel. Comme un pont inachevé, un pont ayant pris son élan sans jamais atterrir. Pont-prière, pont-préface au grand déploiement.
Ses mains sont des ailes qui battent. Ses mains sont des mains qui applaudissent sans jamais la soulever, sans jamais l’emmener loin d’ici. Loin de la neige.
Il existe des seuils et des filtres. Une boîte noire, une boîte à chats, un chat boîte, un chatbot, un chat botté sans seuil qui hallucine. Un chat qui existe, qui n’existe pas. Comme elle. Comme ses mains.
Car sa tête à elle est comme ses mains.
Fébrile, fripée, fragile.
Rêche, rêveuse.
Sale aussi. Du brun sous les ongles, dans les narines, les oreilles. Cerumen, boue, merde, fange.
Vivante.
Il y a tout cela concentré dans ses mains, les mains de l’inconnue, car déjà, elle ne sait plus.
A qui appartiennent ces mains puisque le visage a disparu.
Pont-prière en devenir qu’il longe lui, sous son béret, de toute sa frousse, de tous ses désordres. Il prétend ne pas voir que la neige a fondu, que les tournesols ont dérobé l’eau blanche, que des mains, ses mains, leurs mains n’ont jamais été touchées.