Période 1 : 1950-1968
Courant intérieur : L’étau se desserre. La peur change de camp. Certains filent en Amérique du sud.
Circulation de la parole : On conte les horreurs. On décide de changer le monde. On chante, on voyage partout où les frontières sont franchissables.
Classes : En France on roule en 2CV ou en DS. Des étudiants travaillent chez Renault. Des ouvriers de chez Renault ne sont pas à la fac. Celle de Vincennes, avec accès sans le bac, est fondée en 1968.
Période 2 : 1970-1980
Courant intérieur : certains se pensent artistes philosophes écrivains et le deviennent. Le potentiel est le même pour tous (on y croit). Le potentiel est parfois développé par les hallucinogènes (rien de nouveau mais ça se répand).
Circulation de la parole : on se livre librement à la caricature, on n’a pas peur. On n’éduque plus les enfants, ils se débrouillent. On fait circuler les partenaires sexuels. Les femmes respirent, elles divorcent, avortent, et votent à toutes les élections, tout cela librement, quasi. En France.
Classes : On pense qu’il y a de la place pour tous. Il y a l’ascenseur social.
Période 3 : 2027
Courant intérieur : on ne pense plus par soi-même, on pense en agglutinant des infos diverses dont on ne connait pas les sources. On n’a plus le temps de penser, ni de ne rien[2] faire, ni de s’ennuyer.
Circulation de la parole : Big Brother est sorti de son roman. C’est tendance, toute la science-fiction sort des romans. On discute essentiellement avec des émoticônes et des pouces, il y des caméras partout. Les conversations et communications ont lieu grâce à des satellites.
Classes : Sauf exception (qui ne fait toujours pas la règle), chacun la sienne. Les riches s’enrichissent les pauvres s’appauvrissent, les moyens rament pour ne pas changer de barque. Il faut désormais six générations pour qu’un pauvre devienne un moyen.
Période 4 : 1600-1750
Courant intérieur : après les massacres catholiques/protestants, certains mettent fortement en doute l’existence de Dieu. Mais seuls quelques-uns le disent, leur groupe grossit cependant lentement et sûrement.
Circulation de la parole : les artistes sont au service des riches ou survivent mal, ils caricaturent les Dieux pour caricaturer les hommes, passent par la comédie pour éveiller les consciences, écrivent des pages peu divulguées ou des musiques de commande jouées une seule fois.
Classes : Chacun la sienne et Dieu pour tous
Période 5 : 1788
Courant intérieur : c’est la bouilloire, on a envie d’en découdre à cause de la crise frumentaire, la faim crée de la pensée.
Circulation de la parole : La montée de l’aristocratie libérale et de la bourgeoisie sont insupportables, l’idée d’égalité des droits est dans toutes les conversations, les philosophes y travaillent.
Classes : Chacun la sienne mais certains s’enrichissent. On se fout de Dieu pour tous.
Période 6 : an 01
Courant intérieur : Jésus est né. Sa religion non. Des civilisations antiques ont leurs cultes à travers le monde. Ils ne sont pas en ce jour de 2050 tous connus et compris. Ça n’intéresse plus personne.
Circulation de la parole : il y a des signes gravés sur des tablettes de pierre, écrits sur des papyrus, peints sur des murs. Peu d’humains savent les lire. Les paroles importantes se transmettent de bouche à oreille et traversent les siècles.
Classes : Plusieurs. À ce jour on ne connait pas de civilisation de l’an 01 où il y aurait eu l’égalité des droits et des devoirs.
[1] Les variétés de tomates à « port indéterminé » poussent continuellement dans tous les sens (sans organisation aucune)
[2] « Rien » ne signifie pas ici « rien de productif » mais rien. Les mains sous la nuque à regarder le plafond ou les étoiles.
VERSO: ENCORE UNE RENTRÉE:
- Amorce d’un nouveau chantier, avec cette phrase :
J’étais sur le point d’allonger mon séjour à quatre jours lorsqu’elle me dit : « Dommage qu’il faille avoir des enfants pour avoir des petits enfants » et elle répète en riant, contente d’elle : « dommage… ».
Un GROS chantier d’écriture dont déjà la question de la forme se pose : des fragments ?? Une écriture répétitive ? Des passages livrés bruts sans commentaire et dans un ordre aléatoire ? - Photos pour mes plaquettes, la question du choix :


- Notes à intégrer dans manuscrit pourtant terminé, travail de l’été : « Let’s turn on and be » D. Bowie ; un fragment sur le personnage et l’argent ? P. 15 grouper les personnages d’une foule par les objectifs divers qui finalement les rassemblent en ce lieu ?
- Fiches à faire : intégrer les retours à l’atelier, faire aux groupes propositions pour les retours si ça patine. (Bienveillants ET constructifs)
- Afin de ne pas ronronner peinard, quelles grandes lignes pour le fonctionnement d’un nouvel atelier ?
- Dois-je utiliser l’IA pour mes recherches littéraires étant donné la pauvreté des bibliothèques ici ? Par exemple par curiosité toutes les premières phrases de tragédies raciniennes commençant par oui ?
- Y-a-t-il quelque chose à faire avec les ados sur le sujet de la superstition ? Quelles sources ? Je commande au hasard. Le coup de dé. D’ailleurs où est passé mon dé fétiche qui était sur mon bureau ? Y-a-t-il une mini malaise d’avoir perdu ce dé ? Oui. Les dés qu’on me propose ont des chiffres, je préfère les dés sur lesquels sont dessinés des points, on m’a offert un dé à points mais les points sont décolorés par un usage excessif de la Bonne Paye ou du Monopoly. J’attends de retrouver un dé, il y en avait un au vide grenier mais pas de vendeur pour donner le prix, alors je n’ai pas osé le prendre. Peut-on voler son coup de dé ? On ne joue pas avec le hasard, me suis-je dit, car on n’est pas si loin du destin.
- Taper les journaux et notes des dix dernières années pour en faire des objets littéraires : chantier de réécriture, alléger, concentrer, viser le mot juste. Ces objets littéraires finis devraient à nouveau me nourrir, en tant que nouveaux objets de pensée. Écrire crée de la pensée, mais réécrire aussi, ce qui permet à nouveau d’écrire. Et non, ça ne tourne pas en boucle.
- Fragment (triste) de journal de rentrée 2017 :
Vendredi
« On lui a fait visiter les salles de torture de la tour de Londres. Il a adoré »
Ces deux phrases juxtaposées me sidèrent.
« Lui » a treize ans. « Lui » vient de perdre son père poignardé par un fou sur un trottoir de Londres. Tandis que sa mère tâche de récupérer le corps pour le ramener en France, la tante continue d’accompagner les enfants dans ce qui avait commencé comme un séjour touristique. Les salles de torture de la tour de Londres donc.
Dimanche
Changer mon programme de quatrième, pas de mort dans les chansons, pas d’histoire de la comédie musicale, pas la bagarre au couteau de West Side Story ni Roméo et Juliette de Prokofiev. Difficile d’éviter les morts et les histoires de couteaux. - Sous les piles de petits papiers, notes concernant essentiellement les futurs ateliers, l’encore hypothétique atelier femmes à la maison d’accueil pour les femmes maltraitées, sous cette pile il y a trois dossiers de manuscrits en cours. Ils sont restés dessous tout l’été. Et maintenant, avec 1000 points à écrire…le réseau de chantiers est infini. Merci François Bon !
Suite du choix:


Très bien ce cours d’histoire à port indéterminé ! moi qui suis née en 54, je m’y suis reconnu !
À quelques années près, vécu partagé! Merci pour ton retour, à te lire bientôt suis complètement débordée par les deux dernières propositions ( et la rentrée qui approche)
J’aime beaucoup ce découpage et ces catégories systématiques sur de larges périodes sans ordre apparent. « Courant intérieur », quelle riche d’idée que de l’appeler comme ça plutôt que « courant de pensée ». « Classes » : bravo de les rappeler. Et on ne sait d’où tu parles, ça renvoie à quelque chose de très factuel. C’est (c’était, ce sera) comme ça, point.
Merci Sylvia, je ne sais non plus d’où je parle, perturbée par cette idée d’écrire depuis le futur, (je viens seulement d’ajouter le verso), hâte de vous lire pour voir comment vous gérez cela, tous. Merci de ton passage!
Ma 14 est en ligne mais elle a disparu à l’arrière !