Sur l’heure. Il faut être plus précise. Les minutes comptent tellement, désignent ces flammes qui jaillissent, s’alimentant d’elles-mêmes, se nourrissant de la pierre, de ce qu’elle transpire, elle remet son écharpe, voit sans savoir les phases du sauvetage de la relique, il y a-t-il quelqu’un là-bas qui sauve les épines, elle se souvient que la couronne est au fond de ce qui était froid et qui maintenant doit s’effondrer du dedans, aspiré par les braises informes et les langues qui repoussent.
Que s’est-il passé là-haut ? L’enquête s’ouvre et dira. Ouvriers, chaud, cigarette, court-circuit, charpente à bois très sec. Pas de brume. Pas de soin.
Plus tard. Amas de foule qui regarde d’un même œil. Le même frisson. Le même chaud. Les épines.
Elle est arrivée par hasard. Rien n’était alors plus urgent que de voir comment le drame allait s’éviter.
Puis.
Elle regarde pourquoi les pompiers n’arrivent pas et les gens sur la route.
Puis.
Les flammes dangereuses.
Puis.
La lance impuissante, la plus haute qui soit, et l’eau repoussée par le vent qui empêche tout d’être plus simple.
Puis.
Les voix du chœur, les pleurs, les cris de la flèche qui tombe, la mort générale : Hugo, Zola, le monde, le bossu, la cour des miracles, les photos, Paris, les dessous de verre, les porte-clés, les écharpes, les tasses à café, le gothique, les posters, les gargouilles, les pierres, le ciment, les blocs, la masse, la rosace, l’amour, le point zéro, la croix, le reste d’épine.
Puis.
Les statues de pierre retrouvées. Les peintures magiques. Comment s’appelle déjà, ce monument au cœur de l’église. Le cercueil anonyme. Le plomb. Résidence alchimique. L’histoire retournée et tout refait sur mesure. Craquements du chantier. Poussière de pierre. Échelle. Échafaud. Place de grève plus loin. Retour d’avant. L’an mil et l’an deux mille. Paris recomposé. Jubé. Voilà le mot. Jubé de calcaire. Elle ira voir ce qu’il y avait sous les flammes. Tribune. Elle va parler de quelque chose.
Elle a peur que le feu s’étale. Elle regarde les statues impuissantes. Elle serre son poing. Les couleurs du jubé sont magnifiques. La couronne est en état de souffrance.
Haletant, hypnotique d’un temps qui presse, les mots qui courent après… c’est beau. Sont forts ces « puis ». Merci Nolwen