#rectoverso #09 | Un petit creux ?

Le petit déjeuner dans le jardin d’hiver. Oeufs à la coque et petits pains. Die Brötchen sind fûr die Gäste. Le verre de Frankenwein dans un petit salon aux lumières indirectes.Le café avec les gâteaux dans le salon du piano. Beaucoup de gâteaux comme dans un salon de thé viennois.

Café-coissant face à la mer sur la terrasse du bar qui n’ouvre pas avant le lever du soleil. Le petit déjeuner doit se prendre dans une pièce qui voit le soleil se lever, comme l’apéritif du soir dans une autre qui voit le soleil se coucher. Sinon cela n’a aucun intérêt. Sous les tropiques c’est différent, indifférent. Il fait déjà nuit.

Manger par terre devant la tente des nouilles juste arrosées d’eau bouillante ne s’oublie pas. C’est-à-dire suffit à créer des souvenirs qui durent toute une vie. Comme entendre des bêtes la nuit fouiller dans vos provisions en se disant qu’au pire c’est un hérisson ou un chat errant, peut-être un renard, mais surement pas un ours.

Ouvrir une boite de sardines, les étaler sur un cracker allongée sur un canapé devant la télévision. Faire la queue au wagon-bar et apprendre que le dernier sandwich a été vendu et qu’il ne reste plus de bière. La bière à jeun serait une mauvaise idée. Essayer d’imaginer ce que c’est que d’avoir vraiment faim ou pire soif et de n’avoir rien pour s’abriter de la pluie , du soleil ou du froid. Pas de pièce, rien à manger et des chaussures trop petites.

Réchauffer une pizza au micro-ondes et la manger debout dans la cuisine en petite tenue. Pour ne pas tacher ses vêtements et sans prendre le temps d’enfiler autre chose. Manger froid à même le plat, trop pressée, trop affamée, trop désespérée.

Choisir les frites parce qu’on n’en mange jamais et les trouver mauvaises, trop cuites, trop trainées, dans ce restaurant dans cette salle de restaurant pourtant comble et pas vraiment premier prix. Soupirer qu’elles sont meilleures chez Mac Do et qu’au moins elles viennent d’être faites. Écouter la patronne rappeler que son fils est à la caisse et que c’est sa nièce qui vous sert. Une entreprise familiale, ce dont vous vous foutez complètement.

Expérience tapas et chanteur de charme à une terrasse d’été. La maison vient d’ouvrir. On voulait essayer. Il y a du monde. Reviendront-ils ? Moi, non. Je n’ai pas reconnu une chanson de Patrick Bruel. La table voisine m’informe. Je reprends un verre de vin.

Terrasse d’une boulangerie dans une zone commerciale, au milieu du parking pour ainsi dire. Un carré d’herbe ou les enfants s’amusent à ramasser des araignées. Il y a du monde. Indifférence au cadre. Je prends le café croissant à 2 euros et je rapporte mon plateau. On ne m’a pas appelée par mon prénom et c’est tant mieux.

Se voir offrir du lait de chamelle sur la terrasse d’une maison en terre dans un pays où il y a des chameaux et être incapable de le boire. Dans les bonnes familles lyonnaises (genre Ainay et bridge, mais sans fortune), la langue est un mets apprécié. Avoir honte, mais bénéficier d’un steak haché. Échapper à la tête de veau et à la cervelle, porcelaine, argenterie et manières de table.

Personne n’a jamais su me dire s’il valait mieux parler de pâtes ou de nouilles. Dans ma famille, on préférait le riz. Dans la tienne les pommes de terre. Pâtes ou nouilles, lancer la conversation à table permet de roboratifs développements lexicographiques. Nouilles serait plus populaire, ou plus chinois. Essayez les légumineuses, c’est bien aussi.

En 2021, le chiffre d’affaires des éditeurs de livres de cuisine était de 121 millions d’euros. Il est retombé depuis à 99 millions d’euros.

 » Même dans les livres de cuisine on peut faire de la géopolitique : dans l’espoir d’un rapide retour à la paix, le patron de Solar -une filiale d’Editis- vient de publier Béthleem 90 recettes familiales et traditionnelles de Palestine de Fadi Kattan, juste après avoir sorti Chiche la cuisine israëlienne facile de Jonathan Sason-Cohen. Rien n’est gagné pour autant, des lignes de fracture subsistent, puisque même les recettes de falafels diffèrent fortement selon ces deux chefs. » source Radio France l’engouement pour les livres de cuisine, le soufflé retombe après le covid 17 décembre 2024

A propos de Danièle Godard-Livet

Raconteuse d'histoires et faiseuse d'images, j'aime écrire et aider les autres à mettre en mots leurs projets (photographique, généalogique ou scientifique...et que sais-je encore). J'ai publié quelques livres (avec ou sans photo) en vente sur amazon ou sur demande à l'auteur. Je tiens un blog intermittent sur www.lesmotsjustes.org et j'ai même une chaîne YouTube où je poste qq réalisations débutantes. Voir son site les mots justes .

6 commentaires à propos de “ #rectoverso #09 | Un petit creux ?”

  1. Bien aimé lait de chamelle pâtes ou nouilles, merci ! D’un petit creux l’autre me fait penser à la déambulation du gourmet solitaire dans divers quartiers de Tokyo à l’heure de repas. C’est chaque fois un lieu un plat différents et aussi tenues vestimentaires ou objets emblématiques. Merci aussi pour ce souvenir.

  2. Ah oui, les positions pour manger… C’est important, ça, les positions pour manger ! Bien d’accord…

  3. Que d’expériences gustatives et d’univers ! j’apprécie tout particulièrement l’idée de prendre petit dej avec la lumière du soleil levant et un apéritif avec celle du soleil couchant . Merci