Il est 16H30 et Esmée prend la main de Vivianne et lui dit « viens ». Elles sortent de l’école en suivant le cours d’eau qui les mène jusqu’au terre plein où s’est posé le cirque . «Hector» et «Ulysse» broutent tranquillement ; les museaux du chameau et du dromadaire sont plongés dans les herbes vertes jusqu’au cou. Ils ont l’air de se régaler commente Vivianne mais ils sont surtout au milieu d’un champ de mauvaises herbes…
Mais non, pourquoi ! rétorque Esmée. Ces plantes n’ont rien de mauvais, il faut savoir les choisir car elles ont des pouvoirs incroyables. Elles peuvent soigner, rendre plus fort, donner tout ce qu’il faut pour le corps et l’esprit. C‘est sa grand-mère Alba qui lui a dit. Esmée possède un cahier, où elle fait sécher feuilles et fleurs. Alba lui montrera celles qui sont comestibles en salade ou en soupe et lesquelles sont de véritables poisons.
A ces mots, Vivianne s’effraie et se demande avec quelle magicienne elle se promène cet après-midi-là. Pourtant, Esmée ne ferait pas mal à une mouche, Vivianne le sait bien. Elle se laisse guider et lui demande de raconter ce qu’elle sait de ce tapis vert qui pourtant leur monte jusqu’aux cuisses. Certaines plantes, vues de près, sont douces et poilues, verdâtres, presque blanches, certaines contiennent de toutes petites graines noires qui craquent sous la langue. D’autres ont de minuscules fleurs blanches, de grosses baies rouges et des griffes avec des feuilles épineuses. Vivianne n’a jamais vu de fleurs pareilles, d’aussi près, dans ses moindre détails. C ‘est comme si, Esmée lui apprenait à regarder la nature à la loupe. Viviainne qui ne connait que les Roses et aux gros Hortentias fushia du parc de la mairie.
Corolles blanches dans le creux de la main, Esmée donne des Primevères à Vivianne juste pour goûter. Confiante, Vivianne mastique un peu et ouvre grand les yeux de surprise, c’est sucré et un peu citronné ! s’exclame -t-elle. La grand-mère d’Esmée raconte que c’est excellent pour la santé et que ça soigne la mélancolie. Cependant, Vivianne a l’impression que toutes les herbes ont poussé là où elles avaient de la place, un peu au hasard, comme une sorte de jungle. Impossible de traverser ce champ sans risquer de s’enliser dans du Lierre sans se griffer, ou se piquer dans les Orties. Esmée lui répond qu’elle préfère rester avec Hector et Ulysse, dans ce champ de fleurs sauvages car sa grand-mère lui interdit de jouer dans le parc où il y a des Griffitis de tête de mort sur le toboggan en plastique.

Elle est terrible cette appellation mauvaise herbe! Merci pour ce regard rapproché sur … les plantes douces et poilues, verdâtres, presque blanches … et de… minuscules fleurs blanches, des griffes avec des feuilles épineuses…
Merci Betty,
Jolie nature, quel cadeau !
Quelle belle ode à la nature et quelle jolie aquarelle !
J’aime votre texte, et ces petites plantes qui persistent à pousser dans les interstices du béton.
Et c’est si bon, une soupe d’orties!
Merci Carole pour ce portrait de Vivianne et d’Esmée et l’aquarelle si jolie.