#rectoverso #03 | qu’est-ce qu’il y a ?


Il y a de la poésie concrète dans les dépôts sauvages. Il y a qu’on y cherche ses phrases.


Il y a que mes jours sont des endroits. Il y a que mes endroits sont l’envers de mes jours.  


Il y a un escargot dans le romarin.
Il y a s’étirant le corps de l’escargot le long des brins du romarin.
Il y a glissé.
Il y a la lenteur.
Il y a le parfum.
Il y a les yeux de l’escargot. 
Il y a un escargot vivant dans le romarin.
Il y a qu’écrire serait ça, une phrase escargot.
Et que le romarin abrite un escargot.


Il y a que le corps va où le regard le mène.
Qu’il n’y a pas de regard sans corps.
Pas de regard sans qu’un corps vienne.

Il y a des images dans le mobile.
Il y a un album d’images dans le mobile.
Il y a des photos prises — il y a un paquet de photos prises.
Il y a une mémoire dans le mobile.
Il y a une mémoire pleine : d’images oubliées ou sorties de la tête.
Il y a qu’un événement sans titre est une suite d’images prises un même jour.
Il y a que la photo fait l’endroit.
Il y a que l’endroit fait le jour.
Il y a que le jour fait l’événement.
Il y a qu’on a son mobile sous la main.
Il y a qu’on a son mobile sur soi. 
Il y a qu’on ne sort pas sans mobile.
Il y a qu’on porte avec soi des images qu’on a plus en tête.
Il y a que c’est dans la poche.


… Il y a une intimité avec le désert.
Il y a une espèce d’intimité avec les formes environnantes de désert.
Il y a que la solitude est partagée. Est omniprésente.
Il y a l’isolation, ou il y a l’isolement. Il y a des îles.
Il y a que les aménagements sont des îles.
Il y a qu’on a pris la route ce matin. Il y a de l’intimité dans le désert…
Il y a que les terres sont mortes.
— Il y a que l’agriculture est sous perfusion. Intubée.
Il y a désertification, et il y a désertion…
Il y a des tas de tout à l’entrée des chemins.
Il y a une barrière à l’entrée du chemin.
… Il y a la D1036… Il y a eu la N330. Il y a que la route est barrée : il y a une déviation.
Il y a qu’on conduit.

Il y a un autre jardin.
Il y a l’enfilade des jardins.
Il y a un ramier à couver dans le mûrier. Il y a le mâle, la femelle à se relayer.
Il y a des corneilles plein le cerisier.
Il y a le monument d’air qu’est le cerisier.


Il y a que mon auto c’est quelqu’un.
Il y a que c’était.
Il y a quelqu’un sous une auto.
Sous une auto, il y a quelqu’un.
Il y a une auto, il y a un blanc.
Il y a que j’ai un blanc. Il y a que j’ai une auto.

— Il y a un problème ?

2 commentaires à propos de “#rectoverso #03 | qu’est-ce qu’il y a ?”

  1. Ya que j’adore votre texte ya que j’ai bien ri aussi ya des bravi qui se perdent. Oui ya que au pluriel on dit bravi même si ça ne sonne pas. ya que c’est chouette un escargot dans le roman. Ya merci pour ce moment passé dans votre jardin.

  2. Touchée en plein coeur par les Il y a, par les images, par l’interrogation de la fin, touchée beaucoup, merci. Continuez à écrire, c’est si beau même si l’écriture…ça interroge !