Actualitté comment ça marche
Affirmation qui compte bien plus que les éventuels retours marchands. Mais aide à poser ces questions de fond qui nous hantent tous, très lourdement, sur des chemins où on avance – heureusement, et pas de déviation du but fixé –, mais dans un contexte d’attentisme, si ce n’est pas méfiance, qui est bien lourd psychologiquement à supporter.
Pour ma part, ce sont ces croisements réguliers avec les actifs qui m’aident à tenir, même si ne n’y arrive pas en ligne continue, surtout en ce moment.
Nicolas Gary a commencé par des études de lettres à Bordeaux, ce n’est pas forcément nécessaire, mais ça aide à la boussole. Ensuite, il a appris le web et la presse via un célèbre magazine PC, jusqu’à vouloir installer sa propre expérience.
Actualitté nous l’avons trouvé souvent énervant, déboulant sans prévenir dans un petit jardin web qui avait déjà ses repères, mêlant les sujets, et puis, trois ans plus tard, ils sont toujours là, le site s’est structuré, on reçoit chaque matin dans la boîte mail un repérage de thèmes et de sujets. Nicolas Gary, le responsable de la rédaction, est présent dans les réunions et événements du petit monde de l’édition numérique – et lors de ce pitoyable lobbying UMP/SNE qui a mené à la loi #PRISUNIC, il a été un relais d’information et d’analyse essentiel.
En bonne réciproque de cette bannière accueillie, j’avais proposé à Nicolas qu’on retrouve ici, dans Tiers Livre, qui ils étaient et ce qui les menait. Il faut (rarement) le Salon du Livre pour qu’on aperçoive sur leur site des photos de leur équipe.
Nicolas m’envoie aujourd’hui un texte qui résonne avec mes propres interrogations. Qu’est-ce qui nous mène, à nous obstiner dans de telles expériences qui sont évidemment au (lourd) détriment de nos autres activités, y compris celles du minimum alimentaire, et nous valent plus de coups de bâton ou de peaux de banane que de retours gratifiants. Et la certitude pourtant que, si on ne le faisait pas, on n’apprendrait pas, on n’en serait pas arrivé là, immédiatement sur ce front mouvant et glissant où tout bouge.
Merci à Nicolas Gary de cette réflexion en partage.
Pour l’Actualitté, pensez à vous abonner à leur lettre mail quotidienne, et à charger leur appli iPhone. Suivre obligatoirement et quotidiennement leur dossier édition. Avancer, réfléchir (même si on n’est pas toujours d’accord, même si les positions vis-à-vis du vieux monde en voie d’effondrement du livre sont différentes), c’est là que ça se passe, et pour être forts il faut y être ensemble, être informés : ils le font.
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Photo ci-dessus : Nicolas Gary, photographié par un autre rédacteur de l’Actualitté, Christophe Payet, DR, page source (avais pas osé photographier le Nicolas au dernier casse-croûte, j’aurais dû).
Nicolas Gary | des artisans appliqués à ne pas trop nous tromper
Donner à lire, à chacun, ce qu’il souhaite, comme il le souhaite
Depuis le 14 février 2008, je crois que la rédaction a tout essayé de ce qu’il était humainement possible de tenter. Lorsque François Bon nous a découverts, il avait laissé un petit commentaire de type « ils sont allés chercher ce que l’on n’avait pas pensé à trouver ». Ce n’était peut-être pas aussi élogieux, mais peu importe : être adoubé par le premier des Mohicans, ça donne des ailes, et ça fait galoper l’imaginaire. Alors trois ans et demi – presque – plus tard, on me passera une mémoire embellissante.
Avec un peu plus qu’une petite place sur le net, ActuaLitté est maintenant en mesure de sourire de toutes ses dents. Et à trois ans, on arbore déjà une double et fière rangée de dents de lait, en attendant de découvrir la petite souris, et son lot de cadeaux, pour chaque quenotte perdue.
Oh, le journal (et on éprouve chaque jour la difficulté de faire entendre que l’on est une rédaction, peut-être pas banale, mais une rédaction, et pas un ’’citinternet’’ ou un blog), n’a pas révolutionné la Toile. Le HTML 5, on le regarde aujourd’hui un peu comme le sage de Brassens qui tourne autour du tombeau, hésitant à mourir pour des idées. En terme d’articles, se substitue à notre travail de veille, une part grandissante d’articles inédits, liés à des rencontres, des confidences. Parfois, on a l’impression de faire des rapines dans les terres germinopratines (si, si, comme Germinal), pour dérober un peu du feu sacré.
Et en rentrant dans nos pénates, on se rend compte que le feu n’est pas là-bas. Qu’il est alimenté sur la toile, parce que le réseau, l’hyperlien, les tweets, les chats, les EPUB envoyés par mail, je te fais lire, tu me fais découvrir, je te redirige, tu me corriges... La vie, l’animation, on a souvent l’impression de la croiser plus régulièrement sur la Toile, quand on découvre les envers de l’édition traditionnelle.
Oh, attention : faut pas prendre les enfants de Bourdieu pour des Anarchs sauvages. Même des Z’Anars de droite. Le numérique connaît ses petites mesquineries, son manque de solidarité, ses réactions épidermiques. Le prix du livre numérique, cet appel à nouvelles que nous avions lancé, a subi les assauts de quelques-uns. Mais c’est sans rancune, vraiment. Nous étions conscients des limites du projet, mais il nous fallait ouvrir une première porte, lassés peut-être de tenter de les enfoncer quand elles sont blindées. J’en retiens simplement une chose : les coudes serrés, on fait plus facilement front.
Et personnellement, je préfère l’altruisme à l’indignation. Même si c’est moins vendeur actuellement, en librairie.
Alors, voilà. Merci François pour cette tribune. Et navré de vous imposer la lecture de nos petites tracasseries.
En trois années, nous avons su prendre une place, créer un espace, là où personne ne s’attendait vraiment à ce qu’il puisse se trouver quelque chose. Et ça, rien que ça... ben... :) On a vu surgir de l’humus fertile du net des sites hybrides, entre réseau social et journal, avec une même vocation que celle affichée dans notre ligne éditoriale : Les univers du livre. On en a vu d’autres réinvestir le net, qu’ils négligeaient depuis longtemps. ActuaLitté ne s’escrime pas à réinventer la roue : comme Artaud disait de Van Gogh, nous sommes des artisans appliqués à ne pas trop nous tromper. Et dans le pire des cas, ce sera « Rater. Rater encore. Rater mieux », comme avec le mensuel, Le Papiel, que nous avons expérimenté.
Personne ne regrettera de l’avoir essayé, ce modèle. Mais définitivement trop compliqué et laborieux à réaliser et monétiser.
En trois ans, ou plutôt quasiment, quatre ActuaLitté a pris conscience de ses faiblesses. Publier trop, trop vite, republier encore. Le web nous contraint au rythme, là où chaque veut la qualité. C’est pas évident, le rythme. Quant à la qualité, c’est à chacun de juger.
Nous préparons actuellement la troisième maquette du magazine. Un retour sur des bases plus classiques, mais avec des fonctionnalités multiples, en environnement plus complet, plus riche, articulées autour du journal. Des services, aussi et de quoi donner un autre souffle à notre travail.
Et notre travail, justement, c’est de veiller, au grain, au bon grain, mais sûrement pas à dire ce qui est bon grain et ce qui est ivraie. La réalité de la lecture, c’est que chacune, chacun doit pouvoir lire comme il l’entend, comme il le veut. Et que tout lecteur doit être traité avec les égards qu’il mérite.
Ce pays nous ennuie, ô Mort, appareillons
Si le ciel et la mer sont noirs comme de l’encre
Nos coeurs que tu connais sont emplis de rayons.
Verse-nous ton poison, pour qu’il nous réconforte
Nous voulons, tant le feu, nous brûle le cerveau
Plonger au fond du gouffre, papier, ebook, qu’importe !
Plonger vers l’inconnu, pour trouver du nouveau.
(avec l’aimable et posthume aide de Baudelaire...)
Merci à l’équipe, de ne pas se décourager, et, à mon contact prolongé, de n’avoir toujours pas cherché à me faire interner...
Nicolas Gary
Directeur de la publication
Cofondateur de ActuaLitté
diffusion sous licence Creative Commons CC-BY-SA
1ère mise en ligne et dernière modification le 10 juin 2011
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