Fontevraud | l’homme enfermé

à l’abbaye de Fontevraud, Claude Ponti avec les enfants du foyer des Tourelles de Saumur


Tout au long de cette quatrième journée, mercredi 28 mars, nous remarquons – sans aucune concertation ni influence de notre part, et dans chaque groupe – des participants se lancent dans des projets neufs au lieu de reprendre celui des semaines précédentes, et surtout changent d’échelle.

Il y a une adéquation profonde entre la main et la terre, les projets naissent selon la taille de la main.

Aujourd’hui, les mains construisent des objets qui sont plus à échelle du bras.

L’idée de maison aussi progresse : ces dernières semaines, elles étaient des formes extérieures, avec des représentations symboliques, et souvent des formes ou objets cachés à l’intérieur, mais dans une représentation très schématisée.

Aujourd’hui, plusieurs des participants commencent par des intérieurs très élaborés. Ils sont littéralement entrés dans leur maison.

Reste cette aventure-ci…

Elle commence par un personnage.

Un grand personnage, large comme les deux mains et non comme une seule. Il est allongé. Autour de lui, des détails, de son lit, coussins, Coca, table. Devant lui, une télévision à large écran plat.

Puis, dans une deuxième phase, les murs. Des murs lisses, opaques, pas de fenêtres.

Et les murs vont monter, monter.

Je ne nomme pas celui qui a réalisé cette maison. Ce matin je le trouve inquiet, plus silencieux qu’à l’ordinaire.

Et puis, lorsque tout cela est fini, voici l’explication : le type, il était tout seul, enfermé dedans, autour il y avait plein de police, cachés partout.

Les images d’actualité, venues de Toulouse, repassant en boucle sur les télévisions, mais de façon fractionnée, sans possibilité pour l’enfant de reconstituer une synthèse globale. Éléments où probablement l’angoisse liée aux enfants tués (la minute de silence qui a eu lieu dans toutes les écoles) se mêle aux images de la police assiégeant le tueur.

Restait l’idée de la claustration, de l’appartement cerné, qui ne protège plus. Et la télévision, alors, présente dans l’appartement-refuge, joue un double rôle. A preuve, regardez, l’objet cylindrique à l’horizontale, près de la tête du personnage : une vidéo pour voir dehors.

Beaucoup de questions. Trop de questions.


responsable publication François Bon © Tiers Livre Éditeur, cf mentions légales
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1ère mise en ligne et dernière modification le 29 avril 2012
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