réorganisation publie.net, point d’info

à nos auteurs et abonnés


Comme évoqué dans plusieurs billets récemment, et lors de contacts directs, vous savez que nous travaillons en ce moment à réorganisation de publie.net pour une nouvelle phase d’activité, élargie et solidifiée, et beaucoup plus structurée sur le collectif. Rien dans les éléments ci-dessous qui soit acté, et rien non plus qui m’appartienne en propre dans cette construction neuve, mon but est juste de mettre en partage nos pistes actuelles de travail, et insister sur la continuité et solidité de l’expérience.

FB

 

un outil viable, dans un contexte perpétuellement changeant



 créé en janvier 2008, publie.net a connu une forte croissance en 2010, 2011, 2012, passant de 10 000 à 20 000 puis 40 000 téléchargements de fichiers, avec appui principal sur la part domaine public d’un catalogue que nous avons voulu large et ouvert ; nous avons été les premiers, grâce à notre partenaire Immatériel-fr, à proposer nos livres numériques sur iTunes, puis le KindleStore, et, via ePagine notamment, à l’ensemble des librairies en lignes ; nous avons été les premier éditeurs littéraires à proposer parallèlement, dès 2009, une forme d’abonnement global à nos lecteurs, et un mode d’accès streaming (incluant accès à distance pour leurs usagers) aux bibliothèques, ressources qui désormais représentent environ 1/3 de notre résultat.

 la politique délibérée d’immobilisme des gros éditeurs et du SNE, via DRM, prix trop hauts et artificiellement maintenus au-dessus du prix des poches, offre quantitativement restreinte tout en empochant des centaines de milliers d’euros de fonds public pour la numérisation de leur fonds, pèse sur le développement de la lecture sur liseuse : la France a pris un retard structurel par rapport aux autres pays européens, et cela nous lèse en retour : l’offre exigeante de littérature contemporaine que nous proposons en numérique est doublement pénalisée dans un système marchand basé sur le consensuel ; à l’inverse, et c’est le coeur de notre proposition, l’accès par abonnements (bibliothèques et particuliers) l’emporte désormais sur le téléchargement à l’unité, et c’est une chance pour la découverte d’oeuvres nouvelles, mais cela doit déplacer notre offre, pas seulement des eBooks, mais toute une gamme de services (l’opération en cours #100bibs50epubs en est un exemple, ou le mag fictions nerval.fr) ;

 en retour ou corollaire du point précédent, et je m’en suis exprimé plusieurs fois, l’impression que la France risque de zapper complètement l’étape livre numérique – ça ne l’empêchera pas de progresser, asymptote qui pourra s’équilibrer avec l’érosion du livre papier, mais la caractéristique des tablettes c’est qu’on lit le web avec la même densité que les livres ; les difficultés de normalisation de l’epub3, seulement accepté par l’iPad, le peu d’intérêt offert par les livres-application y contribuent aussi, alors que d’un autre côté la professionnalisation de quelques sites comme celui-ci multiplie leur taux de fréquentation et la réactivité : le web redevient un champ de recherche beaucoup plus novateur, tandis que le livre numérique se replie sur valeurs marchandes sans l’excitation qu’il offrait à son éclosion, si enrichissante pour nous tous ;

 avec publie.papier, lancé en septembre 2012, 72 titres aujourd’hui, nous avons accompli en équipe un prodigieux travail d’appropriation d’un outil radicalement neuf, le centre d’impression à la demande ultra-moderne de Hachette Livre à Maurepas. Nous utilisons l’outil de façon créative, et les libraires (une soixantaine et non des moindres) peuvent disposer des livres en mini-stock à compte ferme, ou les obtenir en moins de 72 heures. Nous avons investi une bonne part de notre cagnotte de guerre dans cette aventure (Hachette nous demandait 50 titres pour entrer au catalogue), mais cela nous a permis de nous structurer de façon complètement différente et professionnelle, avec effet retour sur la qualité de nos epubs, tous mis à jour. Dans un contexte d’incroyable indifférence, sinon d’ostracisme, du monde professionnel et de la presse – seul Livres Hebdo (merci) a fait écho à notre proposition originale papier+epub (code d’accès à la version numérique inclus dans le livre imprimé –, et dans la gageure d’un flux de trésorerie qui ne peut s’équilibrer que sur le long terme, cette collection a déjà rejoint l’équilibre et conquis a viabilité ;

 une équipe expérimentée, un travail constant de coordination, c’est aussi une partie de capital ;

 

adapter l’outil à nos tâches et ambitions



 dès le début de l’expérience, j’ai insisté sur le terme coopérative : ne pas reconstituer les rapports de verticalité de l’édition traditionnelle, mais mutualiser un outil qui soit à notre disposition d’auteurs, s’organiser collectivement pour disposer d’un bras armé là où ça bouge, dans les lieux de constitution de la diffusion numérique, pour y assurer une présence contemporaine laissée pour compte par nos éditeurs classiques ; disposer d’un laboratoire qui nous permette de prendre conscience des enjeux de code, ergonomie, typographie, métadonnées, diffusion ; j’ai construit pour cela l’outil administrativement le plus simple, une EURL, qui devient nécessairement, au bout de ces quelques années, une enclosure que nous devons remanier pour faire réellement entrer dans les faits cette notion d’outil mutualisé, et la rendre effective, c’est-à-dire que son accès soit vraiment posé dès le début du contrat éditorial ;

 d’autre part, ce qui nous a soudés depuis un an, via l’énorme chantier de reprise du catalogue numérique et de la constitution du catalogue papier, avec normes de correction et relectures niveau pro, codage numérique et création imprimée irréprochables (et ça ne s’apprend qu’en le faisant), c’est idée qui a toujours été mienne qu’un tel outil appartient à ceux qui le font, et ça doit maintenant s’exprimer structurellement.

 

grandes lignes, perspectives mobiles



 d’abord un outil administratif... dans le contexte français, plus souple qu’une SCOP, mais aussi parce que pas possible d’avancer dans un tel projet sans un lieu de décision réactif et concentré, ce sera une SAS – j’en avais déjà l’idée depuis pas mal de mois, la seule nouveauté c’est que nous avons décidé de la construire à neuf, dans un contexte où je n’en sois pas l’acteur central, mais simplement un des éditeurs-auteurs ;

 il s’agira d’une société entièrement créée à neuf, où j’interviendrai moi-même à égalité des autres apporteurs – l’eurl actuelle, dont je suis l’associé unique, sera rebaptisée, et restera uniquement liée à mes activités personnelles, dont tierslivre.net et nerval.fr ; la cession de publie.net pourra alors s’effectuer à la nouvelle société ;

 ouverture à des partenaires : la comptabilité de publie.net eurl est nette et viable, mais dans un tel contexte de développement (ce que nous avons appris ces 2 ans avec l’évolution radicale de la technicité des epubs, et la mise en place de la collection papier), nécessité d’apports extérieurs pour un capital de lancement à hauteur du CA annuel (passé de 60 K€ il y a 2 ans à 100 K€ cette année, mais avec part de dépenses et investissements montée à 80%) ; plusieurs auteurs nous ont fait part de leur souhait de participer à cet apport, nous sommes en contact aussi avec plusieurs partenaires professionnels, et ouverts à discussion et contact sur d’éventuelles prises de participation, que nous souhaitons pour l’instant maintenir dans l’orbite du monde de l’édition et non pas de fonds d’investissement ;

 dans ce contexte, et comme en 2005 j’avais laissé remue.net à son équipe, je passe le relais, sans états d’âme : je n’ai pas la compétence pour un tel montage, et ne souhaite pas y engager une responsabilité que je réserve à un territoire plus limité ; comme certains le savent déjà, je commence en septembre, sous forme salariée, une tâche d’enseignement et de recherche (enfin, après quasiment 20 ans de déni sur l’écriture créative), avec appui d’un labo numérique et publication expérimentale, dans une de nos principales écoles d’art et le vis comme une grande chance ; j’entrerai donc dans la SAS au même titre que mes camarades et, nous le souhaitons et prolongerons nos contacts dans les prochaines semaines, des partenaires extérieurs ;

 nous avions pensé notre projet de départ sur une mise en place simultanée globale des versions numériques et papier ; le côté dinosaure de la diffusion du livre en France, mais ça va changer vite à mesure que s’installe la révolution POD, et surtout le temps de conception et réalisation de nos maquettes papier, nous a contraint à revoir ce projet, c’est un des éléments qui a été difficile à gérer dans cette année de mise en place. Nous voulons délibérément continuer d’affirmer notre identité d’éditeur numérique, affirmer notre confiance dans la distribution numérique de littérature, et confiance aussi dans le développement rapide de la lecture tablette, les réalisations d’exception qui forgent notre catalogue trouveront forcément leur reconnaissance. Nous continuerons donc, c’est important de le confirmer à nos abonnés bibliothèques et particuliers, une large mise en place de textes numériques. La collection publie.papier centrée sur ses déclinaisons publie.noir, publie.monde (traductions), publie.classiques sera sur un rythme éditorial indépendant, basé sur une haute qualité et une attention plus forte à sa diffusion ;

 une demande autre aux auteurs : si le contrat actuel (conçu et financé par nous-mêmes, en 2007 puis 2012, hors de tout échange interprofessionnel) reste valide, nous installerons dès cet été un système de validation en ligne, et surtout une discussion éditoriale sur le projet de chaque auteur basé sur son propre investissement dans la médiation et la diffusion ; cela peut s’accompagner de mise à disposition d’outils promotionnels ou relais de vente sur son blog, et doit aussi s’accompagner pour éventuelle version imprimée d’une souscription préalable ; les différentes collections actuelles, ou revues comme D’Ici Là et Meydan, pourront être des partenaires directs de la SAS. Nous solliciterons les responsables de collection (et les accompagnerons) pour une prise en main du suivi du workflow, mais aussi la nécessité d’un équilibre de recettes entre diffusion et nouveaux titres – c’est à l’équipe de la nouvelle SAS que reviendra d’établir ce process ;

 le recrutement nécessaire d’une personne expérimentée pour le rouage qui nous manque le plus cruellement aujourd’hui, même si nous savons tous mettre la main à la pâte (merveilleux travail de Roxane pour le site publie-net.com), personne qui puisse centraliser ces tâches administratives, marketing et commerciales, et qui puisse être aussi un des associés fondateurs de la nouvelle SAS ; à compléter, là aussi plusieurs contacts en cours, par personne qui prenne en charge l’info libraires directe sur publie.papier ;

 

bien sûr tout est ouvert, c’est juste pour rassurer



 ci-dessus ce sont seulement les pistes de travail sur lesquelles nous travaillons en ce moment, en amitié et responsabilité ;

 pas possible bien sûr de rendre publiques ces discussions, on préférerait que les curieux rendent compte de nos ouvrages !, mais tout le noyau de l’équipe (Gwen, Roxane, Christine, Daniel, et merci aux quelques-uns qui se sont déjà impliqués dans le dialogue sur le coeur du projet) à votre disposition pour échange ;

 tout sera fait dans les normes et la rigueur, cabinet comptable ici, juriste pour la SAS nouvelle et juriste pour la transmission de mon côté, c’est la condition et le préalable aussi pour l’éventuelle entrée au capital fondateur d’un professionnel de poids, vous vous doutez duquel, et les contacts exploratoires que nous multiplions ces jours-ci, y compris auprès d’investisseurs presse, notre savoir faire les concernant directement ;

 si personnellement j’ai pu marquer ces dernières semaines des traces d’énervement et d’usure, trop de coups bas pris, de déceptions assez brutales parfois, tout ça est de peu de poids par rapport à ce qu’on a toujours réussi à faire ensemble, la délégation progressive au collectif ci-dessus, aucune déception : il s’agit vraiment de marche en avant, avec un outil étonnamment sain, et des partenariats (je cite à nouveau Immatériel-fr) essentiels ; je suis seulement content de retrouver l’échelle qui était la mienne au départ, le centre du projet n’étant pas de s’improviser éditeur ou micro-chef de micro-entreprise, mais de développer des outils innovants pour mes propres recherches et écritures, et c’est un soulagement fou que l’idée de retrouver bientôt mon territoire !

 et que c’est d’ailleurs un trait fondamental de ce qui relie aujourd’hui chacun de l’équipe, mutualisation pour le magnifique outil qu’est publie.net, et maintien pour chacun de ses activités de créateur indépendants, dans quelque domaine qu’il les exerce.

 on aimerait lancer tout ça en septembre, phase de rodage progressive, et transmission complète à nouvelle structure d’ici fin 2013, donc n’hésitez pas à entrer dans le dialogue, et notamment si vous souhaitez entrer dans la SAS avec possibilité d’apport personnel.

 

en vous remerciant !



 j’insiste cependant sur un point : il s’agit bien de la création d’un outil neuf, et d’une transmission, je n’entends pas déborder ce rôle dans la constitution de la SAS naissante, et trop pris par le retour à mes projets perso, plus développement de Tiers Livre et nerval.fr comme expériences purement web, pour répondre, il s’agit bien pour moi, après ces 5 ans, de passer à un autre type d’expérience que celle du livre numérique – c’est Gwen qui centralise les discussions ou informera à ce propos, le site publie-net.com étant le seul relais habilité ;

 pas d’interruption (au contraire, ça prend un drôle d’élan) dans l’opération #100bibs50epubs avec soutien du CNL (inscriptions closes, cependant).

 liberté à chaque auteur, et notamment ceux qui ont accepté de donner des textes au début de l’expérience (immense merci encore), mais n’ont pas souhaité s’impliquer plus dans l’expérience et son développement, de reprendre à l’amiable les textes en diffusion, avec restitution du compte auteur avant clôture, là aussi il s’agit vraiment pour nous d’un départ neuf, avec une relation auteur clairement exprimée côté outil mutualisé.

 pas de lecture de manuscrit ni travail sur nouveaux projets éditoriaux ces prochaines semaines, on doit bosser d’abord sur cette nouvelle configuration – mais personne ne s’en apercevra, parce que pas mal de mises en ligne et projets en finition, à arriver en numérique et papier...

 et merci à tous de vos lectures, de vos abonnements, d’une confiance tous ces cinq ans, mais qui revient à la formidable équipe depuis 2 ans.


responsable publication François Bon © Tiers Livre Éditeur, cf mentions légales
diffusion sous licence Creative Commons CC-BY-SA
1ère mise en ligne et dernière modification le 21 juin 2013
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