Xavier Person | un bloc rectangulaire

« s’attachant par exemple à décrire plusieurs moments de sa vie où il se retrouva à marcher dans une totale obscurité » : de dire l’écriture en train de se faire, parution de "Une limonade pour Kafka"



lectures à la lampe de poche, série

 

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Exactement 25 ans que je connais Xavier Person, je ne sais pas si ça veut dire quelque chose : quelques autres aussi sur cette longueur, comme Bergounioux. Cela veut dire un compagnonnage avec sa permanence, ses silences, mais toute la rectitude de ce type intègre et rectiligne. On a évidemment partagé en permanence sur les chemins pro, les trucs où on s’engage en équipe et ça veut dire chacun solide à son poste, ça veut dire aussi la surprise où on est parfois du chemin de l’autre. Ou les coups ou planches savonnées qu’on prend chacun son tour ou plus que son tour. Ou ce qui se révèle de bifurcations qu’on n’aurait jamais supposées. Xavier n’a jamais été pour moi (je suppose que c’est pareil pour les autres de ses amis) un homme d’institution. Comme une sorte de pilote de chez nous dans le monde plus dur de la construction des projets, de la bagarre à faire pour la place de la littérature. Un chemin avec un paquet d’étapes. Il y avait aussi un autre Person, le critique, la création de la revue Atlantiques, puis à France Culture avec Pascale Casanova, puis au Matricule des Anges. Versant précieux, parce que ça disait ses chemins, ses choix, mais ça restait encore dans cette sphère où on habite le dehors, la parole. Il y a toujours eu le Xavier Person qui écrivait, et par rapport à nous autres, qu’il soutenait, la rançon que cette écriture-là reste trop discrète, trop à l’arrière, malgré deux livres aux éditions Le Bleu du Ciel. Dans Limonade pour Kafka, Person va chercher les rouages et la mécanique de l’écriture chez ceux qui lui sont les plus proches, Hocquard, Celan, Cixous, Royer-Journaud. Il interroge le sens même de cette écriture qui passe par les dessous de celle des autres. Et là, dans cette phrase de 10 pages, d’une seule coulée sans autre respiration que la simple virgule, ce moment même où la phrase qu’on écrit et la trouée du jour dans la nuit se confondent, en amont même de la promesse de quoi que ce soit à dire.


 Une limonade pour Kafka sur le site des éditions de l’Attente ;
 Une limonade pour Kafka lu par Véronique Pittolo sur le site Poezibao, et lu par Guénaël Boutouillet sur son site Matériau composite ;
 photo haut de page : Xavier Person, 2005, FB.

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1ère mise en ligne et dernière modification le 21 février 2015
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