et toi tu fais quoi dans la vie ?

privé d’« assiette sociale » : ça y est, je ne suis plus auteur


Zut alors : privé d’« assiette sociale ». J’avais une assiette sociale sans le savoir et je n’en ai plus.

Dingue : pour la 1ère fois depuis... 1986, JE NE SUIS PLUS auteur ni quedalle... bon, j’ai du vieux cuir tanné – et quelques états de service derrière moi, mais ça montre bien :

 1, comment la précarisation des auteur.e.s touche globalement et massivement désormais TOUTE la profession ;

 2, que le régime démerde ça va être massivement la règle pour tou.te.s les d’jeuns qui débarquent dans le métier ;

 3, psychologiquement, pour moi, c’est la première fois depuis 30 ans, et depuis 20 ans de web, ce sont mes activités numériques indépendantes (y compris la vente de mes livres Tiers Livre Editeur, qui payent frais de site et matos, mais sur lesquels je ne me rémunère pas en D.A.) qui deviennent mon activité principale ;

 3bis : on est 3 auteur.e.s en Fr, sur 42 écoles d’art, à être titulaires d’un poste écriture, pour moi même en « école nationale supérieure » rémunéré au niveau prof de collège (ça ne me gêne pas, plein de potes le sont), et selon unique critère de l’ancienneté (ce qui me gêne plus, indépendamment du fait d’avoir commencé le salariat à 60 balais), j’ai reçu mon avis de radiation pour limite d’âge (66), je sais pas si le poste sera renouvelé mais au lieu d’être au cul de l’Europe c’est rageant de penser qu’il y aurait du taf pour une quarantaine d’auteur.e.s ;

 4, je renonce donc officiellement à jamais me revendiquer du statut d’auteur — le premier qui me traite d’écrivain je le... , je suis enseignant (« vous êtes prof de quoi ? — d’écriture — ah, ça s’apprend ?) jusque juin 2019, et je serai RETRAITÉ ensuite (« Retraité, anciennement écrivain... — Et maintenant vous n’écrivez plus ? — C’était d’une autre époque, vous savez... »), ma start-up Tiers Livre c’est de l’activité commando qui passe complètement hors radars administratifs et c’est tant mieux -– soutenez Tiers Livre, y a des livres à vendre et un Tipeee pour le matos !

 4 ter : remarquez bien que j’aurais fait la liste des éditeurs qui me doivent de l’argent parce que je n’ai pas reçu de relevés de droits et de paiements pour l’année 2017, l’AGESSA ne m’aurait pas radié — ça concerne par exemple le Seuil, Verdier, l’Atelier contemporain : le malaise actuel, c’est aussi la lâcheté de ces entreprises commerciales ;

 5, dans le chamboulement actuel, devenir indépendant ça se construit, et c’est hyper technique — les livres en impression à la demande, le SIRET pour les stages (oui oui, je paye une entreprise comptable certifiée pour tout cela, je suis en règle et imposé), le glissement de notre métier, en se séparant progressivement des aides de l’État, en se réorganisant depuis l’initiative personnelle, c’est un chemin fragile, mais qu’on est de plus en plus nombreux à suivre, j’ai envoyé un mail d’adhésion à la jeune Ligue des auteurs pour cela.

Et post-scriptum : si j’ai le moral ? oui, à peu près, j’ai le moral.

 


responsable publication François Bon © Tiers Livre Éditeur, cf mentions légales
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1ère mise en ligne et dernière modification le 10 septembre 2018
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