48 | Chambord avec château mais pas la vie de château

tags : Chambord, 2014, Philippe Cognée, Yannick Mercoyrol


Ce texte est un fragment d’un travail en cours, amorcé le 20 décembre 2020 et non destiné à publication hors site (pour l’instant).

Le principe est d’aller par une phrase par lieu précis de remémoration, et d’établir la dominante sur la description même, si lacunaire qu’elle soit, du lieu — donc public, puisque bar, bistrot, resto — de la remémoration.

La rédaction ni la publication ne sont chronologiques, restent principalement textuelles, et la proposition de lecture s’appuie principalement sur la navigation par mots-clés depuis la page des index lieux, noms, dates.

Point régulier sur l’avancée de ce chantier dans le journal #Patreon.

 

48 | Chambord avec château mais pas la vie de château


Destins symétriques du peintre et de l’auteur : Philippe Cognée a pu s’aménager un atelier dans le grand espace d’une ancienne minoterie, il y a un coin livre et un coin pour s’asseoir avec du café (attention, c’est un espace de convivialité mais pas public, il n’est pas répertoriable ici), il y a de la lumière et du calme, ce serait bien pour écrire comme je l’entendrais, ici j’aurais mes guitares et je pourrais me réoffrir un violoncelle, ici mes vidéos et ici la compta, pour écrire ce serait mobile ou bien rencoigné (pas de jeu de mots) là où Philippe et moi on est assis et on discute, les ateliers de peintres ont toujours un fond d’odeur qui exalte même si lui travaille plus avec ces granules de cire colorée qu’on verse dans nos mains, à midi oui par contre c’est répertoriable on descend jusqu’à ce coude de la rivière qui traverse sa bourgade au sud de Nantes, c’est un resto niveau largement au-dessus des habituels plat du jour, on a vue sur la chaussée de l’ancien moulin et c’est plutôt des gens des affaires et du commerce, nous qui discuterons plutôt de qui on est en école d’arts (lui qui enseigne à celle de Paris, mais a dû faire trois fois de suite la dernière année de celle de Nantes, payant son loyer avec des aquarelles faites sur les plages à Pornichet) puis en remontant on s’arrête à cet entrepôt où il stocke toiles et matériel, ça aussi ça m’arrangerait bien, tiens, ce serait même plutôt dans ce genre de volume de ciment au plus neutre, sur zone parmi d’autres artisans, que je me verrais plutôt installer le pupitre à écrire et quelques mois plus tard le texte est fait, le catalogue publié, on se retrouve à Chambord pour le vernissage — ce n’est pas que je goûte trop ces situations où je ne connais personne (et réciproquement) mais, même si j’habite à moins d’une heure et qu’on est venu en voiture, Y.M. nous a proposé de bénéficier d’une nuit dans l’appartement — un peu plus qu’un appartement, un genre de coloc avec cuisine équipée et une suite de chambres indépendantes — où sont hébergés les conférenciers de passages et les résidents artistiques, rien de luxueux mais c’est le fabricant de matelas Epeda qui a sponsorisé l’installation alors certes on y dort bien, et la fenêtre donne sur l’immense forêt, ce n’est pas tous les jours dans ta vie que tu as l’opportunité de dormir à Chambord mais voilà, une fois le vernissage terminé on nous propose d’aller dîner mais à Blois tout auprès, il y a bien un resto dans le village au pied du château mais tout est fermé ou en travaux, difficile de se défiler mais après coup tu te dis que peut-être ça aurait été mieux quand même, refaire les dix kilomètres en voiture et ce n’est pas à Blois qu’on va puisqu’il est déjà plus de 21 h, mais sur la ZUP sud à l’entrée de la ville au pied du pont, là où est le grand Auchan Vineuil, entre Go Sport, Verbaudet et Darty, Optical Center, Easy Cash, Darty, Bricorama et Total Access — ajouter But, Veloland et Lapeyre, les hôtels Kyriad et B&B, le Flunch et le Mac’Do, Cap Emploi et Archives Départementales du Loir-et-Cher, la Foirfouille et Intersport, MaxiToys et Leader Price, Gemo et In Zi’Air Trampolines — on est serré à une quinzaine dans la grande salle aux lumières tamisées non pas de l’Hippopotamus comme je pensais me souvenir mais de la Taverne de maître Kanter, autre chaîne (tu demanderas un tartare-frites parce que c’est plus simple et que tu n’aimes pas ni ces lumières ni ces musiques ni dîner dans une ZUP quand ensuite tu reviendras au château, en plus Philippe est à cinq ou six places et encadré par ses commanditaires on ne pourra rien échanger, ni possible non plus s’éclipser avant la fin), bien sûr il y a faire le chemin sous la lune depuis le parking personnel jusqu’à la petite poterne qui donne accès direct à l’appartement au haut de son escalier colimaçon et, le lendemain, levé tôt, improvisant un café dans cette cuisine anonyme, aller se balader dans les allées avant l’irruption des premiers cars de tourisme ça rattrape mais quand même — sacré Philippe, cette année c’est à Chaumont qu’il exposait mais là je n’étais pas invité.

 

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1ère mise en ligne et dernière modification le 16 janvier 2022
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