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c’est la ballade oxygène pour le dedans de la tête, le web


 lettre à I., magnifique éditrice papier – des récents avatars avec côté clownesque des gratteurs de bedaine, mais côté tellement triste de la pensée yaourt (encore, c’est faire insulte aux yaourts) de ce comité des 451 (qui ne sont que 130 et quelques), à propos de quoi Maurice Nadeau, tout en désavouant avoir rédigé l’imbécile tribune du Monde, n’a jamais désavoué sa caution, ce qui est excessivement troublant pour tous ceux à qui, jusqu’ici, il était un repère d’exigence et de jugement, mais aussi la participation de gens qu’on voyait plus éclairés, comme Yves Pagès directeur de Verticales, la filiale de Gallimard qui fait vraiment périssoire à force de ces égarements signés et multipliés, je me suis tenu à distance – vieux principe poitevin, on reste à ses affaires, on tient son cap, et on laisse dire... d’autres rétorquaient par les tomates aux tomates, et Marie Cosnay (sur twitter @MarieCosnay) revient sur le débat des idées... étrange toutes ces maisons d’édition au travail éditorial de qualité, mais qui préfèrent, les subventions le leur permettent, s’enfoncer debout – de temps en temps, pour telle ou telle, l’envasement atteint le bec et fini... je n’aurais pas cette patience, mais très admiratif de la façon dont cela ici se dit... qu’on en profite pour découvrir les ressources d’un rare lieu virtuel à mêler le politique à la revendication littéraire, pour le meilleur.

 le nouveau continent, par Naomi Fontaine (sur twitter @NaoFontaine) – d’habitude ça concerne l’Amérique, et ici c’est nous, le nouveau continent... la première fois que Nao, dans une des toutes premières séances de mon invitation à Québec/Laval, avait parlé de la réserve et comment, tout au bout du fleuve, dans l’immensité du Nord, on peut être contraint de vivre enfermé, je m’étais demandé si quelques étudiantes n’essayaient pas de monter un plan genre dernier des Mohicans pour piéger le bon petit Frinçais naïf juste débarqué – non, ce n’était pas le genre maison. Troisième tirage pour Kuessipan, son premier livre, et l’invitation au festival America. Quand on a bu un coup de blanc au Zimmer, avec elle et Louis l’ingénieur hélico, 14 heures de pick-up entre Chibougamau et Sept-Îles, les deux limites de son territoire depuis Chicoutimi, j’ai rappelé à Nao un de ses tout premiers textes : l’usine d’aluminium d’Uashat, la nuit, ressemblait à la tour Eiffel illuminée, disait un personnage... — T’as vu la tour Eiffel, toi ? demandait l’autre personnage... — Non.. Cette fois elle l’a vue, la tour Eiffel, et bien d’autres choses. La taille de l’espace, les rides du temps. Le point de départ des conquérants inventeurs d’Amérique, sans s’occuper qu’elle existait déjà depuis si longtemps. Important pour nous, ce premier regard, par celle qui vient de si loin, et revient en disant qu’elle a appris à connaître mieux les Amériques. À noter que, dans la multiplicité des hommages rendus au travail d’écriture de Naomi, désormais bien plus large que son premier livre, jamais rien, mais rien vu de l’université qui l’accueille pour la 4ème année...

 la ville est un sas – le premier texte d’Arnaud Maïsetti (sur twitter @amaisetti) que j’ai lu, c’était une version initiale de son étude sur La nuit juste avant les forêts de Koltès. Évidence que ce type écrivait, la rencontre a conduit à Où que je sois encore..., d’abord publié au Seuil/Déplacements, puis qu’il soit dans les fondateurs de l’aventure publie.net. Paradoxe que paraît en publie.papier ce premier travail sur Koltès, Seul comme on ne peut pas le dire, dans un moment où la fin de sa thèse l’absorbe complètement. Est-ce cela qui donne à son blog cette dé-réalité ? Elle est belle aussi... Arnaud désormais est un continent, lui aussi.

Et coda :
 le soir, sur abadon.fr, pas de commentaire de ma part, sauf ce il y a de l’écriture et que ça met le monde en place – quand bien même, s’il fait mal, ce n’est pas celui qu’on voudrait. Ici les morts ont bouche entrouverte, ce sont les morts que nous tous avons en commun. Suivre Michèle Dujardin sur sa page Facebook qui est une sorte d’anthologie permanente, on y fête en ce moment Henri Maldiney.

 

Photo : hélicos en territoire Innu © Louis André-Grégoire, rencontré à Paris avec Nao Fontaine.

responsable publication François Bon © Tiers Livre Éditeur, cf mentions légales
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1ère mise en ligne et dernière modification le 30 septembre 2012
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