13.10.06 | hommes de poudre dans monde en talc

"Dans l’Ariège, la nouvelle jeunesse de la plus grande carrière de talc au monde" – Le Monde


1 _ COMPRESSION

On en apprend tous les jours, des technologies parfois les plus élémentaires. Moi j’en ai vu, de ces mines à ciel ouvert, perchées dans la montagne, et les vieilles pelleteuses et bulls et trémies et trains à bandes rouillées qui y cahotent, puis parfois ces vieux assemblages des briques, tuiles, fer et vitres brisées qu’on appelle usine, encaissées au bord d’un torrent comme de n’en avoir jamais bougé et de survivre depuis des siècles. Et pourtant la poudre était fine, était pure, était blanche, et les usages du talc ordinaire multiplié par les besoins modernes. Il y en avait sur les fruits qu’on mangeait, dans les médicaments qu’on avalait, les chewing-gums qu’on mastique et comme il y en avait dans nos téléphones et nos ordinateurs, et huit kilos dans la moindre voiture.

 

2 _ RENVERSE

Ainsi donc, cette poudre qu’on assimilait, si on n’y entendait rien, à son usage ancestral sur les deux fesses de nourrissons, offrait de fait une quantité inépuisable d’applications dont la curiosité était qu’elles pouvaient être industrielles autant qu’organiques. Nous en mangions, en touchions au travers de nombre de nos produits quotidiens, et découvrions combien de nos objets habituels trouvaient par le talc leur rigidité. Dans l’expansion incroyable de ces usages, c’est notre idée de nous-mêmes qui progressivement se transformait : si ce qui nous environne pouvait être poudre durcie non collante, si ce que nous ingérions pouvait être compacifié par le talc, si nos vêtements étaient si lisses par le talc, enfin naissait le rêve d’un homme poudre, qui n’avait plus besoin de durcir, et la ville eux-mêmes plongés grouillants dans le bac à talc.

 

3 _ SOURCE

LE MONDE ECONOMIE


responsable publication François Bon © Tiers Livre Éditeur, cf mentions légales
diffusion sous licence Creative Commons CC-BY-SA
1ère mise en ligne et dernière modification le 12 octobre 2013
merci aux 333 visiteurs qui ont consacré 1 minute au moins à cette page