Bon & Toeplitz #135 #6 | On aurait attaché les puissants à des arbres

projet « 135 façons de sauver la Terre », suite du making of



 135 façons de sauver la Terre, sommaire général & présentation du projet ;

 vidéo ci-dessus : atelier-studio de Kasper Toeplitz, Paris, le 12 août 2020.

 version complète du livre en préparation, mise à jour permanente, dans les ressources Tipeee de Tiers Livre.

 sur Kasper T Toeplitz, voir son site Sleaze Art

 135 façons de sauver la Terre est un projet mené avec le Centre de musique contemporaine Art Zoyd — on a besoin de la scène, on a besoin de temps studio : nous contacter pour performance ou résidence, Fr ou plus loin.

Bon & Toeplitz | On aurait attaché les puissants à des arbres


Ce thème est présent depuis les premières ébauches de « 135 façons de sauver la Terre », mais ce n’est pas forcément facile de se couler de nouveau dans une impro déjà plusieurs fois essayée –- y compris une première fois avec Kasper le 20 juin dernier, dans notre toute première séance de travail —, de la laisser dériver, s’inventer, toujours sur cette frontière fragile du parlé conté et de l’oralité d’une écriture surgissante.

(le texte sera rajouté ici quand transcrit, voilà la version qui était sur l’iPad au moment de l’impro et lui a servi de base, donc transcrite du 20 juin mais après tout c’est aussi bien, on verra ce qui change)

on irait attacher les puissants à des arbres
alors on s’était dit que chacun puissant pas puissant
irait trouver un plus puissant et l’attacherait à un arbre
déjà y a un avantage les puissants règlent leurs histoires entre eux
s’attachent à des arbres
et ceux qui restent c’est toi qui les attaches à des arbres
déjà un problème il faudrait avoir assez d’arbres
mais problème pas problèmes
finalement tu commençais au moins par quelque chose
tu avais attaché au moins un puissant à un arbre et puis un autre
un autre puissant à un autre arbre
puis tu continuais
un puissant un arbre un puissant un arbre
tu continuais
un puissant un arbre
l’arbre n’était pas forcément heureux
mais rapporté au temps d’un arbre
un arbre pour pousser il lui faut beaucoup de temps
bien plus de temps que le temps d’un puissant
le temps de l’arbre n’était pas le temps de nous
le puissant restait bien vivant
il poussait avec l’arbre
il fallait de la patience à l’arbre
mais l’arbre il a son écorce qui le protège
c’est dur c’est ridé c’est rugueux
un arbre n’a pas à se défier d’un puissant
même s’il se frotte à son écorce essaye
avec les ongles de creuser de déchirer
va couper un arbre avec tes ongles si t’es dos à l’arbre
que tu ne peux pas manger l’arbre avec tes dents
on avait mis peu à peu les plus puissants à des arbres
et puis les moins puissants qui avaient attaché les plus puissants
étaient attachés à des arbres
et les moins puissants qui avaient attaché les puissants ayant attaché les plus puissants à des arbres c’est nous qui les attachions à des arbres
mais alors restait quoi restait qui
si tu étais le puissant qui avait attaché un plus puissant
à un arbre
c’était toujours même trop d’être le puissant de l’arbre
que c’était à l’intérieur de toi d’abord qu’il fallait enlever l’idée du puissant
tu comprenais ça mais le temps que tu com-prennes
on avait au moins gagné quelque chose
tous ces puissants attachés à des arbres
pendant ce temps-là ils faisaient rien de mal
ça changeait
et tu fais quoi du temps gagné pendant que les puissants ne font plus mal
tu fais quoi du temps quand il n’y a plus de puissants

 


responsable publication François Bon © Tiers Livre Éditeur, cf mentions légales
diffusion sous licence Creative Commons CC-BY-SA
1ère mise en ligne 24 août 2021 et dernière modification le 5 décembre 2021
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