nature
l'usage du mot : Guillaume Apollinaire

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ou un autreTumulte au hasard  : soit comme

Les vertus plastiques: la pureté, l'unité et la vérité maintiennent sous leurs pieds la nature terrassée. En vain, on bande l'arc-en-ciel, les saisons frémissent, les foules se ruent vers la mort, la science défait et refait ce qui existe, les mondes s'éloignent à jamais de notre conception, nos images mobiles se répètent ou ressuscitent leur inconscience et les couleurs, les odeurs, les bruits qu'on mène nous étonnent, puis disparaissent de la nature. Ce monstre de la beauté n'est pas éternel. Nous savons que notre souffle n'a pas eu de commencement et ne cessera point, mais nous concevons avant tout la création et la fin du monde. Cependant, trop d'artistes adorent encore les plantes, les pierres, l'onde ou les hommes. On s'accoutume vite à l'esclavage du mystère. Et la servitude finit par créer de doux loisirs. On laisse les ouvriers maîtriser l'univers et les jardiniers ont moins de respect pour la nature que n'en ont les artistes. Il est temps d'être les maîtres. La bonne volonté ne garantit point la victoire. En deçà de l'éternité dansent les mortelles formes de l'amour et le nom de la nature résume leur maudite discipline.

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François Bon © Tiers Livre Éditeur, mentions légales
1ère mise en ligne et dernière modification le 2 août 2005
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