pourquoi un livre fait peur
de l'écriture

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ou un autreTumulte au hasard  : sensible

Cette nuit dans l'habituelle insomnie de 2h45 (en ce moment, je suis réglé pour ce réveil en pleine nuit, une bonne heure à tourner virer avant de replonger dans l'incertitude dite sommeil et qu'une rai de jour indique qu'on peut enfin se risquer à aller faire couler le café), c'était une liste argumentée et très claire de comment les livres font peur, une liste même qui était hiérarchisée, écrite avec des phrases que mentalement je m'étais exercé à mémoriser, et ce n'était pas en rêve. Le jour évacue tout cela. Au matin, certainement, je peux retrouver quelques fils, la sensation d'étrangeté qui mène en avant, l'événement encore invisible qui se profile mais au-delà de la page où vous êtes. Ou encore, l'attention suffisamment précise aux choses ordinaires pour que l'élément hétérogène en tire légitimité implacable : dans la main qui rampe au sol dans {Malte Laurids Brigge}, le défi c'est de faire exister la table avec sa nappe, et sur quoi donne la fenêtre de la pièce. Il y a aussi, évidemment, la pure horreur de ce qu'on décrit mais c'est si facile à traiter cela en soi : je déteste, dans le roman policier en particulier, le goût morbide de la description de l'horreur. Il y a surtout l'inquiétude diffuse d'un lieu clos, d'une attente et là combien d'exemple. Il y a aussi, sans convoquer la main qui rampe au sol de Rainer Maria Rilke, ceux qui vous reconstituent l'ordinaire mais juste un peu de travers, un coincement, un décalage, ainsi les récits autobiographiques de Strindberg qui n'a pas besoin de montrer des fantômes pour les faire exister. Reste quand même cette main qui rampe au sol, dans le {Malte Laurids Brigge}. C'était bien mieux tout cela dans ma liste de cette nuit.

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François Bon © Tiers Livre Éditeur, mentions légales
1ère mise en ligne et dernière modification le 20 août 2005
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