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vie des gens

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ou un autreTumulte au hasard  : entier

Quand il a dit qu'il viendrait en vacances ici, on lui a dit : pourquoi faire ?
Il n'y a rien, ici. Pas de promenades, attractions rien, et pour visiter non plus. On ne s'amuse pas trop, ici. Il a dit que justement, c'est ça qui le changerait. Bouquiner, il a dit, prendre son temps.
Quand il a été là trois semaines, on lui a dit : elles sont bien longues, tes vacances ?
Nous quand on part c'est une semaine. On va à la mer, en général. La patronne du tabac part l'hiver : dans les îles. Ce n'est pas tout le monde. Les enfants l'été ont le centre aéré, ou les colos : la commune les envoie en Corrèze, c'est du bon air. Non, lui, il était là dans la chambre, est-ce qu'il sortait même pas.
Il a dit que cette année il pouvait prendre son temps, qu'on ne l'attendait pas. Qu'ici il avait le calme.
Notez que personne pour lui en vouloir : c'est l'appartement de la maman, il y a une cuisine avec le frigo, on lui avait installé ça pour qu'elle ne soit pas toute seule, et quand même chez elle. Dommage qu'elle n'en ait pas profité si longtemps. A ce moment-là il ne venait pas tant la voir. C'est à nous tous, et on ne peut pas vendre. Mais habiter là, non, ça ne se peut pas, c'est ce qu'on lui a dit.
Tu comprends, des fois c'est des périodes, on n'a plus envie. Voilà ce qu'il nous dit.
Nous, envie ou pas, on bosse. Les vacances on s'en va un peu, mais qu'est-ce qu'on ferait, une fois loin ? Dans une maison il y a toujours à faire. On lui a dit : donne au moins un petit coup de main.
Alors oui, il venait, restait un quart d'heure au jardin et puis non. Repartait dans sa chambre. Quelquefois on est allé écouter à la porte : de la musique, je ne sais pas. Non, il parlait tout seul. Avant tu ne faisais pas ça, de parler tout seul, on lui a dit.
Je ne m'en aperçois pas, voilà ce qu'il a répondu.
Autrefois il a eu une copines, des copines. La dernière est restée un peu plus longtemps. On a appris qu'elle était partie : tu dois être malheureux, on lui a dit. Pas plus, il a répondu. Mais on voit, on voit bien : c'est quoi, rester comme ça, lire et pas sortir ?
Et ton boulot, il faudra bien que tu retrouves du boulot, on lui dit.
Oui, il nous dit. Oui, bientôt.

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François Bon © Tiers Livre Éditeur, mentions légales
1ère mise en ligne et dernière modification le 23 août 2005
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