dimanche après-midi, un instant
symboles, figures, cris

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ou un autreTumulte au hasard  : vivre dans l’idée des autres

L'abandon de la pensée, hasard un instant profitable : un rai de soleil sur cette terrasse, au carrefour. Et les voitures cabossées qui à un pas longeaient le bistrot au redémarrage : complices, elles aussi. C'était dimanche, il faisait beau, à quoi savait-on pourtant tout cela provisoire, en sursis ? L'odeur du Turc d'à-côté et ses kebabs : favorable aussi, et pourtant. Le tremblement nerveux du type à la table à côté (le genou gauche par réflexe secoué), les piercings par cinq et trop serrés et de métal humble à l'oreille de cette gamine là-bas, le téléphone portable brillant de son petit copain et d'autres riens qui chaque fois se synchronisaient tous au recommencement du feu rouge, rien d'ésotérique, juste que le temps que les voitures s'ébrouent on regardait ailleurs, on cessait de parler. Et moi, qui faisait partie de l'image, terrasse fin d'été à Pont-à-Mousson, le train dans vingt-cinq minutes, j'y contribuais comment et j'en déplaçais quoi, puisque tout cela je le notais et qu'ils me voyaient faire ? Et même la façon du serveur lui aussi pour le soleil de se tenir en avant de la porte, qu'on s'est dit au revoir quand probablement on ne se reverra pas. Rien d'effrayant, rien. Ce qui menace vraiment reste invisible. On cherche les signes de la ruine : rien d'autres que nous-mêmes, qui traversons. Il y a forcément menace.

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François Bon © Tiers Livre Éditeur, mentions légales
1ère mise en ligne et dernière modification le 29 août 2005
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