1 – Ma grand mère appelait ça un vœux pieux. S’asseoir chaque jour devant l’ordinateur et écrire.
2 – Au moins un quart d’heure
3 – Et puis plein de choses à faire
4 – Y’en a qui disent procrastination
5 – Peut-être.
6 – Un oiseau chante et me distrait
7 – Il fait trop beau pour rester enfermée.
8 – Je vais aller me balader
9 – Ça écrit dans la tête en marchant
10 – En marchant en écrivant.
11 – Et s’il pleuvait ?
12 – Et s’il faisait moins chaud ?
13 – Je sors, je promène les mots.
14 – Je prévois de rassembler tous les textes qui sont dans le ventre de la machine.
15 – Je prévois.
16 – J’ai même un titre pour le recueil.
17 – Y aura-t-il un recueil ?
18 – Le titre n’a pas changé depuis des années.
19 – Il attend.
20 – J’adore le court ; cheveux, textes… trop tard pour la mini jupe.
21 – Il a dit : enlève les adverbes… et quelques adjectifs aussi.
22 – J’ai enlevé.
23 – Ça fait sens.
24 – Malgré tout.
25 – Je cherche des excuses pour ne pas, je génère une légère culpabilité… envers moi-même.
26 – Je fais lire des fragments à certains, ils aiment.
27 – Ça devrait encourager. Mais non.
28 – Beaucoup de ceux que je connais écrivent ou ont envie de. Alors,je lis leurs textes. Souvent, je n’aime pas.
29 – Comment leur dire ?
30 – J’aurais aimé être éditrice. Position de choix pour dire.
31 – Avec la culpabilité, les murs autour de moi semblent me guetter.
32 – Oui, ils me guettent. J’ai fait le noir pourtant.
33 – Magie de l’ordinateur : écrire dans le noir et tout voir. Laisser aller les doigts qui savent. Je rallume.
34 – Portrait de phare sur le mur. Direction à suivre.
35 -Je relis les 34 premières notes. Je ne retire rien.
36 – Reprendre, continuer, développer un peu.
37 – Envie de cinéma aussi, de films qui racontent des histoires de gens, de vrais gens, mais sans violence.
38 – Les livres de la rentrée semblent centrés sur les mères. Pas sûre d’avoir envie de lire. Je commence juste à régler mes comptes avec la mienne, ma mère marâtre. Alors, celles des autres, souffrantes ou tyranniques….
39 – De toute façon, mes étagères sont pleine des rentrées d’avant, à la rubrique ‘à lire vite’.
40 – Pas lu le quart du stock. Umberto Eco dit que posséder des livres qu’on n’a pas encore lus est normal. Un lecteur se doit d’avoir des réserves. Mon père menuisier avait tous les formats de clous, de vis, d’outils sous son établi, au cas où il en aurait eu besoin. Il en est resté beaucoup quand il a définitivement quitté l’établi et la vie.
41 – Pourquoi les mères ?
42 – On me demande : ‘Tu prends des notes ?’ – Non.
43 – Raconter l’histoire de ces gens qui ont acheté une maison de garde barrière et disent adorer la sentir vibrer à chaque passage de train. Inventer, imaginer ; questionner.
44 – Il y avait cette photo dans l’expo : un aborigène, un seul, mais le portrait multiplié par dizaines. Pas un seul blanc dans ces images de lieux officiels où les ‘natives’ n’ont pas leur place. Projet passionnant. Envie d’y mettre du texte.
45 – La rentrée… c’est ce qu’il paraît. Moi, je repars.
46 – Il y a pourtant des choses qui importent, où on a besoin des autres, de ceux pour qui la ‘rentrée’ fait sens. Se mettre à leur rythme ?
47 – Le lac est encore chaud, plage de montagne.
48 – L’eau .
49 – Relire Chantal Thomas et son Journal de nage.
50 – Il faudra bien arrêter le coq à l’âne quelque part.
51 – Ici ?