Pour demain (ou avant-hier, je ne sais plus) : dissertation sur l’un des sujets suivants.
Injonction donnée pour avoir des points. Obligation suivie pour avoir la paix.
Il est tard et j’observe ma feuille.
Double page, lignée, bonne condition, cherche mots avisés pour relation sérieuse. Blagues s’abstenir.
Le temps passe. Je l’observe toujours. Je lui fait des infidélités en dessinant dans la marge. Mais elle reste impassible : elle attend mes mots.
Il fait noir dedans et dehors.
Je mordille mon crayon en me demandant quelle phrase viendra me délivrer.
Tout ce qui vit est inachevé.
Tout – ce – qui – vit – est – in-a-ch-e-vé. La voilà ! Je m’éclaire, je me foudre, je m’éclate.
Et je gratte. Je cours sur la page et mon stylo se prend la plume dans un mot, je trébuche car je rature d’images.
D’un coup, d’un trait, d’une traite. Je l’ai, mon idée. Je les ai, ces instants.
Je ne m’arrête que pour aller à la ligne. Je respire. Ou pas, je ne sais plus.
Je ne peux arriver au bout et je regrette la double page. Je lui accole son double et je continue.
Lorsque j’ai terminé, je relis en vitesse et en diagonale. Je pense que tout est là.
J’agraphe, je paraphe et je mets le point final.
Jamais simple phrase n’avait ouvert autant de vannes. Je n’entends plus que le son de mon coeur. Je savoure. Je triomphe d’un combat contre le vide.