Fatigué pas couché ou « la campagne du Je »

Je voudrais tellement que cette rue fût belle. Que ce pont charmât. Que l’eau coulât et que des libellules, des oies, des martins-pêcheurs. Certes il arrivait qu’au niveau de l’écluse il y ait comme un souvenir. Le bruit alors si doux. Je suis repassé en poussette. Il se présente aux élections. Dit je. (Lustrerai. Augmenterai. Ressusciterai…) – Le pire c’est qu’il j’y crois. Me souviendrai. Il entendait si mal que les gens devaient toujours répéter la question. Ça au moins le comprenait. Dans les journaux à l’époque on lisait : Gardez l’espoir ! (Pour demain et pour le présent de chacun.)

Sur une photographie on me trouva debout, dans l’allée, exemplaire avec poussette arriver à l’heure à l’école. Votons pour lui. Les graviers raclaient (il s’en souvint). Ronciers autour du château de Belle au Bois Dormant. Traîne-sang de la mariée, vison exhibé, manifestants entassés, et nus pareil à un charnier pour interpeller. Je est un animal fourré. Tapis rouge. La ligne de miettes du Petit Poucet. Nous revenons au direct pour la montée des marches : femelles à la mode mangées par des oiseaux. Si puissante chevelure de Rayponce.

Son ascension brisée un dimanche soir de mars. Il disait pourtant : J’ai de grands projets. Manger ! Je lancerai des gerbes. Il disait : Continueront de se répandre des fraisiers sauvages. Il ajoutait : Nous cueillerons des bleuets, aurons la gorge et les tee-shirts maculés. Gagnerons une quatrième fleur. Son allée projetait d’être faite chevelure, avec des musiques chaudes, des robes libres, des hommes liés et des voix rauques qui chanteraient. Succession de signes. Il nommait : Cailloux peints. Colombes jaunies. Ce qu’ils sont devenus. De la lavande. Les colombes bleues. Votez ! Je démuni. Un nichoir vide en algorithmes.

Il reprit le chemin qui menait à l’ancienne mairie. Désormais c’était un bâtiment en cours de réhabilitation, recouvert d’une bâche colorée et signée par un artiste car on était en centre-ville. IL déclara, car ON voulait savoir : Je suis fatigué mais ne me coucherai pas. Les affiches où il souriait, l’air heureux, se décollaient déjà. Sur celle à côté de la place il y avait eu des coups de canif. Il redescendit et arpenta son allée. Il ferma le volet. Il se connecta malgré lui à ses miroirs et pensa à la méchante reine. Son miroir : Vous êtes belle mais Blanche-Neige qui vit au fond des bois est plus belle que vous. Son lit était frais comme de l’herbe. Le soir de sa défaite. Un sujet d’actualité. Il ne se coucha pas.

A propos de Mateo London

J'aime lire, marcher, me promener à vélo. J'aime raconter des histoires. J'aime les contes orientaux. J'aime la philosophie. J'aime un peu la poésie sonore. J'aime travailler. J'aime apprendre. Il y a aussi plein de choses que je n'aime pas. http://mateolondon.wixsite.com/mateolondon