1.Nous marchions…
Immobiles, main dans la main, depuis le lever du jour, et maintenant il faisait nuit noire, et nous deux, toujours là, mes yeux pleins à ras bord de larmes à venir, dans les tiens, encore ouverts, vitreux et encore bleus, en marche nous étions, toi vers un ailleurs que personne ici ne connait, moi vers un précipice, un trou béant. Ta mort, ton absence.
- Nous marchions…
Etions-nous milles et cent
Comment le savoir dans le noir
Marchions-nous droit devant
Ou titubant
A vomir de désespoir
- Nous marchions…
A l’aveugle. Nous ne savions plus si c’était la nuit ou si nous avions perdu la vue. Par miracle nous ne nous cognions à rien ni personne. Etions-nous si peu nombreux à avoir survécu ? Ou étais-je seul, désespérément seul, marchant à vue, à perte de vue, dans le noir abyssal d’un grand nouveau jour ?
- Nous marchions…
Les braises illuminaient la nuit
D’un rouge presqu’indécent
Arrosées par une pluie d’étoiles
La mer au loin en sourdine
Dans un rire clapotique
Nous marchions pieds nus
Sur le feu de nos vies passées
Nous brulions nos dernières cartouches
Les vieilles peaux, les milles maux
Se purifier les pieds ensanglantés
Dansant jusqu’au matin sur des cendres devenues tendres
Et Voir jaillir la flamme de nos âmes
- Nous marchions…
Encordés avec le fil de nos pensées. C’est tout ce qu’il nous restait. Des pieds pour avancer et des idées à partager pour ne pas nous perdre. Dans cette nuit charbonneuse, sans lune, sans fin. Quand la peur que le premier de cordée cesse de respirer nous envahissait, nous imaginions le cri du nouveau-né, plein de vie. Nous marchions enlacés par la commune pensée de la possibilité d’une éclaircie au bout de ce bout de chemin rocailleux à arpenter encore, et ensemble.
- Nous marchions…
Nos pas dans nos traces entrelacées
Heureux et esseulés
Nous rêvions, nous nous mentions
Au sujet de la joie quand même et tous ces falbalas
Nous voyions tout de la nuit à venir
Comme je te vois encore contre moi mon amour
Nous marchions à rire et à pleurer
Sur tous nos pas de danse
Trois petits tours et puis
S’en volent, s’en vont.
- Nous ne marchions plus…
Nous nous étions assis, çà et là,
Et ailleurs, aussi
Nous méditions
Nous méditions
Nous méditions
Et le temps s’est arrêté
Et les pensées se sont tues
Et le ciel s’est obscurci
Et enfin vint la nuit
Alors nous avons tout vu, tout entendu
Tout senti tout pressenti
Nous revenions de très loin
Quand au petit matin
Une lumière une idée fixe
Marcher encore et jusqu’à la fin.
Merci Eve pour ce partage , très sympa ce matin de se connecter et de te lire , d ‘écouter cette musique ,ces textes . ça fait du bien dans ce monde brut !
… Merci beaucoup à toi!
» de quoi on parle? qu’est ce qu’on écrit? » chantent-ils… pas de réponse toute faite… alors on continue.. on écrit… pour la vie!
merci de ton passage sur mes mots.
C’est tellement beau ! Merci. Pas écouter encore.