#Boost#12|sur le parvis de Santa Lucia

Venetia. Veni etiam : reviens encore.


La sortie de la gare est à chaque fois comme une première fois.
On s’extrait de la foule des voyageurs et on reste planté sur le parvis
au seuil d’un songe avant d’être au seuil d’une ville.
Derrière soi des trains repartent et je reste là.

éberluée de me tenir à nouveau sur ces dalles blanches
à la recherche d’un nord


le regard divague sur la verrière limpide
où des arabesques se forment et se déforment
les yeux contemplent les insaisissables pierres précieuses


bouches muettes d’où l’on espère un oracle singulier,
une voix des profondeurs
les pensées fourmillent puis s’éparpillent et s’oublient


tout est ciel et prisme d’eau
c’est à peine si la ville s’offre
les premiers regards s’attardent sur l’entour
n’entendant rien d’autre qu’un hymne jailli des eaux


puis l’ostinato des cloches
et le murmure italique je suis à Venise


on savoure encore cette joie de l’arrivée
dans le miroir déformant de ce réel tant attendu


le regard s’accroche aux pieux plantés dans la lagune
ces crayons qui échancrent l’eau du grand canal
où posent traditionnellement les mouettes puis


le roulement des valises sur le sol
le brouhaha des touristes qui traversent l’esplanade
l’arrivée d’un vaporetto sur le quai
tout remonte en surface et s’anime


c’est aussi cela Venise


alors rapidement, faire un pas de côté se faufiler dans une fissure, un interstice même minime,
se souvenir du connu, du déjà expérimenté, de ruelles désertes, retrouver les plaies de crépi qui suintent sur les murs
ces écaillures ces craquelures de tableaux vivants traits lignes arabesques
les doigts de délicatesse sur les failles des murs


et la dissipation de soi dans les voiles de la ville

A propos de Solange Vissac

Entre campagne et ville, entre deux livres où se perdre, entre des textes qui s'écrivent et des photos qui se capturent... toujours un peu cachée... me dévoilant un peu sur mon blog jardin d'ombres.

Une réponse à “#Boost#12|sur le parvis de Santa Lucia”

  1. « puis l’ostinato des cloches
    et le murmure italique je suis à Venise » merci pour retour amont et cette dernière et si belle phrase
    « et la dissipation de soi dans les voiles de la ville »