JT. Un accueil enthousiaste. Pour moi, c’est de la musique. Comme un phénomène magique. On prend son temps. Personne ne nous attend. Évaporé dans l’atmosphère. Les choses se stabilisent un peu. Dans les morceaux de verres brisés. Dans le même mouvement. Il ne peut rien oublier. Pourquoi ça recommence ? Sans reconnaissance envers la chance. La vitesse de la lumière. Les gens se figent à mes côtés. Quelque chose de brut affleure. Dans le temps qu’il nous reste. Mon corps gagne de plus en plus de vitesse. Difficile de saisir ce qui est en train de se passer. Un poids d’odeurs et de sons inouïs. L’absence déjà présente dans le vécu. Je n’ai pas de mots pour le dire. Les taux de change fluctuent en permanence. Une angoisse sourde devant l’avenir qui s’ouvre à eux. Quelque chose qui peut changer la face du monde pour toujours. Une logique d’occupation et de purification. Son cri, un cri d’une rare violence que rien ne peut arrêter. Cette image qu’il faudrait garder en mémoire. La beauté fragile de ce qui fut et ne reviendra plus. Dans une synthèse totale, le temps disparaît. Sur les vitres sombres et poussiéreuses. Cette vibration, cette puissance d’instantanéité. Les survivants, réfugiés dans les sous-sols. Tous ces pixels de lumière sont passés directement de l’écran jusque dans ma tête. À force oui, à force. Même les morts, ils n’ont plus le temps de les accompagner. Heureusement, il y avait des ouvertures dans ces masses d’eaux énormes. Synonymes d’incandescence ou parfois d’absence. Une limite avec le monde extérieur. Parmi toutes ces ombres, il y en a une étrange, mouvante. Au loin, dans les usines, les chaînes s’arrêtent. Les ascenseurs restent coincés entre deux étages. Les voix se coupent. La lumière ne cesse de changer, transformant le paysage à chaque instant. La ville creuse sa mémoire. Difficile de savoir ce que ce signe représentait. La scène du présent n’est pas le souvenir du passé. Il suffit d’un pas de côté, d’un écart imprévu. Une tentative de conjurer l’angoisse de la mort. Tout vibre et s’emballe autour d’eux. Les crépuscules et les morsures de l’angoisse. Les princes et les tyrans tentent d’abord de résoudre le problème par la violence de masse. Un espace libre, sans contours ni limites. Ce qui retient surtout l’attention. Peur de tomber, pris de vertige. Le temps de vivre, le temps de t’arrêter sur le temps. Des situations où tout bascule, tout à coup. Dans les voix et les regards. Un refus de l’effacement et de l’oubli. C’est une décharge électrique. Le débarras prolonge le débarras. Les forces de l’ordre crèvent les tentes et les traînent au sol. Un amas composite de formes fermées. La séparation des pouvoirs est un principe intangible. Brouiller les valeurs et mettre en doute la réalité. Nous avançons à contre-jour. J’aimerais bien pouvoir faire du bruit avant midi. Face à cette saturation de stimuli et d’informations. Nos certitudes en mirages éphémères. On revoit ces images, encore et encore. Des bribes, des images déformées. Ne jamais descendre un escalier sans penser à la chute. Les événements, les rendez-vous à venir. Comme si elles étaient toujours vivantes. Toucher davantage cette fibre sensible. Bruits ténus qui habitent l’espace sans jamais l’envahir. L’espace vide bouge, ne cesse de céder. La lumière change, mais ce qui reste s’efface lentement. C’est un vrai labyrinthe ici. Le vide fait peur. D’un bord du monde à l’autre. Il n’y a pas grand-chose à faire. Sans doute ce qui s’en rapprochait le plus. Une étrange distorsion de la réalité. Dans ses secrets soubresauts. Je ne le regarde plus depuis longtemps. Une façon de fermer la parenthèse de cette journée.
JT : excellent choix, merci, dans ce qu’il a de pérenne et d’éphémère. Un monde d’images déformées, le vide : terrible.
Merci beaucoup Cécile, comme je l’écris dans le texte, je ne le regarde plus beaucoup le JT, mais ça reste une expérience d’ « étrange distorsion de la réalité. »