# Boost # 15 | vivre, oui

Vivre, oui

Réluctance opposition, rien. Empêchement OTAGE. Souviens-toi, souviens-toi. Rien. je n’ai rien à dire. Condamné et forcément coupable. Rien à donner et rien à prendre. Le style, la phrase les mots et les points. Rien. Un plaid, un lit, un mur, une porte. Une lampe avec un rhéostat. Rien, je n’ai que ma vie. De jour jamais. L’air respiré expiré, l’eau bue, évacuée, le ciel bleu les étoiles. Non, rien. Rien je n’ai rien à dire. Le type vient là avec sa cagoule. Je reconnais ses yeux. Noirs. Comme sa cagoule. Il parle. Non, rien. C’est bien toi président qui disait jamais nous ne nous laisserons juger, tu te souviens ? Non. Nous n’avons rien à nous reprocher. Rien. Nous avons agi comme il le fallait. Les affaires sont les affaires et je n’ai rien à en dire. Rappelle-toi président, rappelle-toi, il y a quinze ans, les deux mille morts de l’écroulement de la digue à Belluno, Longarone souviens-toi président. Non, rien. Nous y étions pour rien. Rien. C’est le sort. Rien. Rien, jamais. Et celui qui te hais, ce divin, cette étoile brillante ? Non ? Non, rien. Alors quoi ne plus croire en rien ? Non. Rien. Combien as-tu touché pour favoriser Loockheed ? Non, rien. Rien, jamais. Rien. Je ne me suis jamais enrichi, je n’ai pas d’argent, je n’ai pas de pouvoir, je suis prisonnier. C’est tout. Rien. On veut m’échanger. Contre quoi ? contre rien. Non. Mais tu as oublié, ta défense de Gui ? Tu ne te souviens pas, la démocratie chrétienne fait corps avec ses hommes, ça ne te dit rien ? Allons président, allons… Non, rien. Rien, mon bras sur mes yeux, mes jambes allongées sur ce mauvais lit. Rien. Tout le monde t’a lâché, même ton grand ami Montini, te te souviens président ? Ton ami… Non, rien, ça a été le plus dur. Le coup de grâce. L’envoyé de dieu sur la terre. Le paradis et l’enfer. Tu te souviens président, l’opus dei ? La loge propaganda due ? Cette chose qui est la votre tu te souviens, président ? Non. Rien. Mais vivre, oui

pour le bouste je n'ai pas spécialement intégré les affaires produites au texte - je n'en suis pas encore là, le travail s'effectue (à vitesse réduite, mais je ne suis pas spécialement pressé : j'ai bon espoir de continuer à vivre un moment) (c'est un optimisme chevillé au corps et à l'âme - si on peut différencier les deux - quand on voit l'état du monde et on n'en voit que très peu...) par la recherche dans la chronologie des jours passés en rétention (jour par jour,j'en suis au 29 avril) - je compte tenter d'illustrer ces jours-là dans le fil de la narration, lequel fil ne devrait être perçu que par l'avancée de la lecture. Différents problèmes sont à résoudre encore, notamment le "je" dans ledit fil : qui peut bien dire "je" dans une action relatée à près de cinquante ans de distance temporelle ? - je tente de croire que pour le recto/verso un prolongement s'établira - j'ai écrit ailleurs les mots de Federico Fellini qui parle des films comme d'entités qui lui disent où il doit aller, lui ne le sait pas vraiment (il est vrai que ces entretiens ont été menés vers la fin de sa carrière/vie) - j'ai revu 8 et demi (1963) la semaine dernière et il m'est apparu qu'en effet quelque chose de cet ordre se réalisait (voilà bien des années que j'ai identifié Sandra Milo (et son gloups) à Magali Noël (et son Johnny) mais je considère ce film comme leplus beaux du monde (je ne manque jamais de larmes à la fin (l'ouverture du rideau qui cache l'escalier qui descend de l'échafaudage et durant la farandole et cette musique de Nino Rota) - est-ce fiction pure ? quelles différences existe-t-il entre le documentaire et la fiction ? quelle(s) plaie(s) ? quels passages ? Après on s'en fout on avance, c'est vrai aussi. Bon été (est, sera).

A propos de Piero Cohen-Hadria

(c'est plus facile avec les liens) la bio ça peut-être là : https://www.tierslivre.net/revue/spip.php?article625#nb10" et le site plutôt là : <a href="https://www.pendantleweekend.net/ les (*) réfèrent à des entrées (ou étiquettes) du blog pendant le week-end

4 commentaires à propos de “# Boost # 15 | vivre, oui”

  1. Alors vivre oui ! en documentaire et fiction avec ce je qui vient d’avant loin, et cette chronologie des jours . On a l’élan plein chant du boost ; on touche la nécessité de ce souviens-toi .

    • merci Nathalie – on y va… ! (bonnes vacances quand même…
      :°)))