La musique. J’entends au loin, montant des origines, l’écho d’une voix. Un murmure. Un cri. Un appel. Peut-être des mains autour du feu sacré qui claquent. Une incantation. Une prière. Un songe comme un reflet de ciel. Bientôt quelques instruments de fortune. Puis un flux tempétueux d’octaves en quête d’harmonie dans les océans déchaînés. Et pour cela un attirail d’ustensiles, une fascinante boîte à outils, ce que communément on nomme : une langue. Avec ses clés. Sol, Fa, Ut dans des positions excentriques, histoire de pimenter la lecture. Ses notes, reines triomphantes et facétieuses. Tantôt rondes boudeuses, blanches hautaines, noires énigmatiques, fourmilières de croches doubles, triples, quadruples, toutes hampes liées, dansantes, courantes, déferlant par vagues, pointées, tellement capricieuses. Indomptables. Ses soupirs, mes préférés. Ses silences. Et pour conclure, un point d’orgue. Ou mieux car plus fine, plus subtile, une coda qui est au musicien ce que la dernière touche est au peintre.
La dernière touche. La musique n’est pas seulement affaire de pattes de mouches griffonnées sur du papier réglé. La musique, c’est du toucher. L’ivoire d’un clavier. La corde frottée d’un violoncelle. Le feutre d’un marteau effleurant sa timbale. Force et caresse. La musique, du souffle dans le cor. De la couleur. Des pas de danse dans les bleuets. Une piqûre de rose. Du sentiment. Du tragique. De la fantaisie. De la colère. Du remords. Des ritournelles. De la mélancolie. La musique, de la lumière et de la nuit. « Une révélation plus haute que toute sagesse et toute philosophie », pensait Beethoven.
Et de la joie !