La loge (1)
C’est simple. On passe devant en entrant. Quand le rideau à dentelles de la fenêtre est tiré, la loge est fermée. Quand le chat est sur le comptoir, on se dit bonjour. Dessous, un muret marqué de traits noirs, à force qu’on y cogne ses chaussures en se penchant, pour caresser le chat par exemple. Mais bon, on n’entre pas dans la loge. Quand on passe la porte, c’est que c’est grave.
Sur le mur du fond, des cartes postales punaisées. Celle-là par exemple, d’un petit chat à Trouville. Beaucoup d’autres à côté : l’Algérie, la Martinique, l’Auvergne aussi. Une longue panière à pain, suspendue à la verticale : deux peluches calées dedans, un hibou et un nounours dont les têtes superposées dépassent. Avant, à cette même place, il y avait un grand panneau en bois pour accrocher les clefs. Il a été retiré et a laissé une trace, jusqu’à ce qu’on passe dessus un coup de peinture. Aujourd’hui, les trousseaux sont dans une armoire à crochets qui s’ouvre avec un code. Un peu plus à droite, un calendrier tenu à l’extrémité d’une ficelle par une punaise rouillée, et, un tableau rectangulaire, sa largeur orientée à la verticale. La baguette en bois qui lui sert de cadre est dorée, comme si les fleurs bleues aux pistils rouges et charnus du bouquet, méritaient plus encore.
La loge (2) – Bout de mur à gauche
Dans le coin, le tableau technique des alarmes. Dès que ça sonne, on sait où est le problème : au parking ou à l’ascenseur. Avant on avait le droit de désincarcérer les gens, mais à cause des risques, aujourd’hui ce n’est plus possible. Les ascenseurs doivent être vérifiés tous les quinze jours. Huit étages plus les sous-sols, ça représente une heure et demie à deux heures de travail. Il faut regarder si on peut ouvrir la porte, en y passant un doigt. Si oui, ce n’est pas normal.
La loge (3) – Mur côté droit
Un extincteur, obligatoire, et une étagère. Posées dessus, une bouteille avec une étiquette danger, une autre pour nettoyer les vitres, et une troisième pour enlever la colle des prospectus. Ici, une lampe de poche au cas où il faille réagir en 4ième vitesse pour aller changer une ampoule dans le couloir. Là, un vieux chapeau en paille.