#rectoverso #01 | vivre des moments de chaleur torride

Recto

1 – Salle des fêtes d’un village du Périgord, un jour caniculaire de juin. À 8h45 les portes et les fenêtres sont encore ouvertes pour provoquer des courants d’air. L’air circule. Petit à petit, les fenêtres et portes sont fermées, les ventilateurs allumés. Les cerveaux carburent. On réfléchit à un projet de développement harmonieux et compatible avec les paysages exceptionnels de ce petit coin de campagne. Vers midi, jaillissement de fraîcheur et de couleurs avec l’arrivée des victuailles pour le repas. Limonades artisanales glacées et jus de pommes. Gelée de mimosa et de sureau, pain aux noix. Salade de carottes, betteraves, concombres, tomates, fleurs et lentilles corail. Pesto et houmous. Cakes salés et gâteaux aux noix. Face à ce spectacle, les cerveaux se calment, les yeux frétillent, les corps se rafraîchissent et se détendent en savourant ces plats en circuit court, la majorité des légumes venant des terroirs alentour.

2 – Cinquième étage de la cité administrative. Le système de rafraîchissement des bureaux en panne depuis le début de l’été fonctionne à nouveau. Ne pensez pas que la température descendra en-dessous de 26, on nous a prévenus. Les bureaux sont déserts, le télétravail largement pratiqué. Pas un bruit, ceux qui travaillent le font en silence, pas un éclat de rire, pas de bavardage entre collègues, seulement le ronronnement des imprimantes. Même les coups de téléphone sont passés à voix presque basse.

3 – La petite gare de Sarlat est déserte en cette fin de journée torride. La salle d’attente aussi. Les touristes ne sont pas encore arrivés, les lycéens ont dû prendre le train précédent. Un homme seul pianote frénétiquement sur son clavier d’ordinateur. L’écran  indiquant les horaires d’arrivées et de départs des trains est noir. En panne, sans doute la chaleur. Le guichet est fermé, sur la vitre une feuille scotchée indique en écriture manuscrite : train de 19h05 à destination de Bordeaux Voie 1.  On avait une chance sur deux, la voie 1 ou la voie 2 !

Verso

Elle demande si quelqu’un peut l’accompagner à la gare. Je t’emmène dit P, je passe devant pour rentrer chez moi. En montant dans la confortable voiture de P, elle sourit, quel contraste avec celle de T qui est venu la chercher le matin. Pour qu’elle s’assoit, il avait dû dégager le siège. Ne fais pas attention, avec l’organisation de la fête du village, je n’ai pas pris le temps de nettoyer la voiture, lui avait-il dit, d’ailleurs c’est juste une excuse, la fête, je ne la nettoie jamais. Il ouvre les fenêtres, pas de clim dans ma vieille voiture, il fait déjà bien chaud ce matin, mais la clim naturelle est très efficace !

Contraste le soir, aussitôt installée dans sa voiture, P allume la climatisation. Tu peux régler à l’aide de ces boutons dit-elle. Au bout de quelques kilomètres, alors qu’elle n’a d’yeux que pour la contemplation des paysages remarquables, ça va tu n’as pas trop d’air, lui demande P pour la énième fois. J’espère que ton train va circuler, ici quand il fait trop chaud parfois tout le réseau est bloqué. L’an dernier, un train a même pris feu. Aïe pense-t-elle, le train suivant est le lendemain à 6h52 !

A propos de Isabelle Vauquois

Vit à Mérignac, à deux pas de Bordeaux. Lieux d'inspiration : Vallée de la Vézère, Bayonne, Bordeaux, l'Adour et la Garonne, la côte sud landaise. Depuis 2018, découvre l’écriture avec les ateliers de Claire Lecoeur. Première expérience Tiers livre en 2023 avec "le Grand carnet". Plus j'apprends à écrire, plus j'apprends à lire ! Un projet en cours sur les nuages, l'atelier Recto-verso et l'énergie collective, boostant pour avancer.. .

2 commentaires à propos de “#rectoverso #01 | vivre des moments de chaleur torride”

  1. La canicule et une auberge espagnole : c’est l’été en Dordogne. On y est. Merci Isabelle.