#rectoverso #03 | Camille Laurens, il y a

sommaire général, et index des auteurs;
_ lire l’ensemble des contributions à cette 3ème proposition;
_ inscription à l’atelier (inclut accès à publication sur cette plateforme, docs d’appui, lettre de coordination etc.)

#03 | Camille Laurens, il y a

Et si, pour cette troisième proposition, on s’enfonçait encore plus résolument dans l’idée de ce cycle en abordant ce fonctionnement même du «recto-verso» : un même livre, une même démarche confrontant un mot (oui) ou une expression (il y a) à ses usages, mais côté recto on s’appuie sur l’instance narrative du texte pour remplacer les exemples choisis (en l’occurrence, les «il y a» d’Apollinaire, sa rythmique pour cette haute litanie de versets), et côté verso c’est cette instance narrative qu’on reprend : on se saisit à bras le corps du mot oui et le bloc paragraphe qui en résulte c’est cet affrontement même, les exemples ne venant plus seulement de la belle tradition littéraire qu’explore ou déploie Camille Laurens, mais aussi les usages dans le quotidien même, ou l’intimité même.

Le premier tiers de la vidéo est introductif:
_ 1, sur la question des outils même de l’atelier d’écriture : une bibliothèque spécifique, sans doute liée au franchissement arbitraire que représente ce texte pour son auteur — Quelques-Uns n’a jamais quitté ma bibliothèque d’outils, mais je l’utilisais souvent en contrepoint d’exercices basés sur L’usage de la parole de Nathalie Sarraute, la relecture qu’en ai faite pour cette proposition m’imposait de s’en saisir dans sa spécificité même;
_ 2, publié en 1999, Quelques-Uns vient après une déchirure autobiogaphique évidemment terrible pour Camille Laurens, dont le premier livre a été publié en 1991 : la parution en 1995 d’un livre-cri, Philippe, qui traite sans médiation de la perte d’un enfant — aucune projection personnelle ici, Camille Laurens en fait la base de son texte d’introduction, tout entier éclairé aussi par la naissance de sa fille Aube, à trois ans de distance;
_ 3, quatre ans plus tard, Camille Laurens fera paraître, toujours chez POL, Le grain des mots, le même principe, mais un autre contexte: une rubrique hebdomadaire dans L’Humanité, et je n’en parle que pour une seule question, mais qui nous concerne toutes & tous: Quelques-Uns, en rapport au Grain des mots, c’est la part irréversible du surgissement, et en cela la différence — la question qui en revient pour nous: les livres de transition, les livres qui sont notre laboratoire intérieur…

Ce que je vous propose donc, c’est ce que j’expose en ouverture de cette consigne :
_ 1, «il y a » : on s’appuie sur ces versets repris d’Apollinaire, qu’elle insère à même son texte, pour partir dans notre propre litanie de versets, chacun ouvert par un «il y a» qui signe ce qu’on est, intérieurement de réel, ou en tant qu’on est construit par ce pragmatisme du réel que chacune et chacun on porte — mais l’accumulation de l’ensemble de ces «il y a», ceux ajoutés par l’ensemble des contributions à l’atelier, c’est depuis la matrice du chapitre de Camille Laurens qu’on va partir à leur conquête (et possible aussi continuer de nourrir le texte après première publication;
_ 2, «oui», chapitre d’ouverture de Quelques-uns, et là aussi avec des exemples majeurs: Racine en tout premier lieu qui, outre Andromaque, ouvre quatre fois une de ses tragédies par un «oui» posé en incipit – celle fois, ce ne sont pas les exemples qu’on va récrire, mais comment Camille Laurens se saisit elle-même, dans ce chapitre qui passe par Duras et se clôt par Rilke, de la somme des usages, dans le quotidien ou l’intimité, ou du seul dialogue avec soi-même, du «oui» comme mot à nous toutes & tous commun : qu’accepte-t-on par le oui, quels sont les enjeux de cette acceptation, jusque dans le corps et le politique ?

Et l’occasion pour moi (lire ce qui concerne le travail d’enseignant dans le chapitre d’ouverture) de revenir à 25 ans de distance sur un texte monolithe, à l’intacte résonance… S’appuyer et prendre force que ces fissures par où s’effectue la littérature, c’est tellement rare, et on en a tellement besoin.

En ce sens, c’est bien plus qu’un exercice que je vous propose ici.

Rappel : les docs joints (extraits «il y a» et «oui») ne sont pas transmis via Patreon, mais via la lettre de coordination e-mail du cycle été – si vous ne l’avez pas reçue et devriez, me prévenir au plus vite. En contrepoint, une discrète surprise avec.

A propos de François Bon

Site géré par Tiers Livre Éditeur, fondé par François Bon, ISSN 2266-3010. Tous les textes restent la propriété de leurs auteurs, qui peuvent les supprimer ou modifier sans préalable. L'administrateur du site se réservant le droit de passer en mode privé toute contribution ne respectant pas les règles de bienveillance élémentaires dans une telle plateforme collective.

3 commentaires à propos de “#rectoverso #03 | Camille Laurens, il y a”

  1. Rétroliens : #rectoverso #3 gallicisme – le Tiers Livre | écrire, publier, explorer

  2. Merci François de me faire découvrir ce texte magnifique, l’introduction est d’une profondeur rare.