#03 Recto Verso# Il y a

Il y a l’absurde et ses dérives. Il y a les bêtes immondes couvertes de sang. Il y a des peuples sans identité, les sans nom, Il y a des terres colonisées. Il y a des des milliers de refugie@. Il y a la brutalité des guerres.

Il y a des mères qui hurlent. Il y a les enfants nus. Il y a leurs peurs leurs pleurs. Il y a l’indifférence et les infinis différences. Il y a le non agir. Il y a des haragas qui font la traversée.

Il y a les regrets de n’avoir pas su ou son contraire. Il y a des vies trouées, disloquées. Il y a la culpabilité. Il y a absence. Il y a douleur. Il y a perte. La vie c’est perdre. Il n’y a pas d’eau.

Il y a des hommes en armes avec des chiens gardiens de barrières électrifiées. Il y a une masse compacte d’ êtres humains agglutinés derrière les barrières. Ils ne peuvent pas passer. Il y a des couvertures et des enfants par terre, des sacs et des chaussures, des papiers et des bouteilles vides. Il y a un voile bleu azur vide. Il y a des milliers d’écoles détruites par des hommes en armes identique aux gardiens des barrières électrifiées.

Il y a des millions d’enfants sans joie, sans doigt, sans main, sans poignet sans bras. Il y a des enfants sans pieds sans doigts de pieds sans cheville sans mollet sans jambes. Il y a les terrains minés laissés intacts au départ des armées. Il n’y a pas de pain.

Il y a des femmes qui enlèvent leur voile dans des pays fanatiquement radicalement dangereusement religieux. Il y a des femmes emprisonnées, massacrées, sans jugement, pendues en un jour. Il y a une mèche de cheveux libre. Il y a des hommes qui brulent les livres. Il y a un voile blanc qui s’envole. Il y a des intellectuel@ emprisonne@. Il y a des journalistes assassiné@. Il y a des femmes vendues, des petites filles mariées de force. Il y a la mort le premier soir. Il y a un soleil noir.

Il y a le sourire des enfants même dans l’horreur sans fin des guerres. Il y a la toute puissance du rire explosion sur un soleil rouge. Il y a entre les décombres des immeubles détruits des corps ensevelis. Il y a ceux qui ne savent pas parler, leur langue a été coupée. Il y a l’émerveillement d’une fleur sortie de terre entre deux blocs de pierres. Il y a l’infini des désirs. Il y a l’indicible de la vie.

Il y a un ennemi oublié depuis longtemps. Il y a les siècles, le vent, le soleil les pluies, il y a l’absence. Il y a ce que je pourrais dire si je savais écrire. Il y a ma peur corrodée empoisonnée par l’indifférence. Il y a ce secret qui m’étreins.

Il y a ton corps blanc dans des draps froissés, il y a les voyages de ton corps blanc, il y a la joie de le retrouver en toute liberté. Il y a notre vieil amour qui nous sourit la nuit. Il y a tes fleurs dans un vase bleu telle une offrande. Il y a Ferré qui chante – on couche toujours avec des morts -. Il y a le rouge des fleurs dans le vase bleu.

Il y a les grains de ta peau qui rejoignent les grains de tes mots. Il y a les chuchotements de ta voix dans l’oubli..

A propos de Martine Lyne Clop

Ingenieure securite et risques industriels Experte en audits internes et externes Deux masters deux DU. IPRP. Aucun parcours litteraire, mais j'aime passionnément la littérature et l'histoire. J'ecris je lis je fais des collages et de très longues marches. Les ateliers et le travail titanesque de François Bon sont des sources des pistes des portes grandes ouvertes sur des mondes inconnus, un apprentissage quotidien. La lecture de vos publications est un plaisir. Mille mercis.

8 commentaires à propos de “#03 Recto Verso# Il y a”

  1. Merci a vous de m’avoir lue.
    Oui je pense que l’écrire est une forme de résistance.
    Bonne soirée

    • Merci Catherine. Je suis heureuse que mon texte ait rencontré votre empathie.

      J’ai regardé votre site.
      Quelles merveilles!.
      Bonne journée.

  2. Cette écriture fait témoignage de ce qui nous traverse, fait trace, révolte, résistance comme vous dites. Le dire, mieux que se taire. Le chuchotement, apaise après ce cri qui est le nôtre. Merci Martine Lyne

  3. le il y a conduit au drame, au fond, à la lie, à la mort
    plus on avance de le texte, plus on est saisi… je veux rester sur les deux derniers que je relis encore, avec le blanc du corps et le grain de la peau…
    merci Martine Lyne

  4. Merci Françoise pour ta lecture de mon article.
    J’aimerais tellement que mon écriture soit autre, quelque chose de la douceur du monde que je découvre et retiens dans tes textes en filigrane.
    Bonne journée.