RECTO
Il y a des on des je il y a des ombres autour des langues il y a la mémoire qui goûte salée sur les cuisses
On aimerait savoir ce que faisait l’aïeul en Algérie pour comprendre si
On aimerait connaître l’endroit où ça vrille dans la tête pour que le désir d’enfant envahisse la raison
A quel moment on est de l’amour si les dents attrapent à reculons les mots
Parce qu’il y a des mots mais surtout des silences ils font semblant d’avoir dit d’avoir cru d avoir pensé
Il y a l autour qui dit oui mais
A quel moment on est un mais quand il s’agit de trou dans le corps
Je crois que on se trompe
Il y a beaucoup de bavures dans les on
Un peu trop de corps non désignés comme si pas important les corps
Comme ci d’actes il n’y avait pas eu pas comme l’oubli et fini
Il y a des nuages qui empêchent trouver les doigts et les mains s’échappent et alors on croit qu’on a secouru mais de rien vu il a
Il y a croire ou savoir et l’enfant sait quand c’est non mais l’adulte croit souvent qu’il sait mieux ce qui bon ce qui doit ce qui devrait et alors les on passe à côté
Il y a ensuite la négation de la parole qui protège comment qui pourquoi
Le désaccord vient souvent de la culpabilité il est trop impactant de voir pleine face les on ayant dérapé
Alors il y a la boue on enterre bien profond les on et on ne dit plus rien du on et passe et vogue et tant pis
Alors les je grandissent tordus parfois ils penchent trop fort là ou faut pas
Parfois savent plus les on comment dire stop et ils choisissent des corps brutaux des on sauvages
Pourtant il y a un temps où la fissure crac et alors les on s’embrouillent se noient et puis les épreuves pour que le corps éjecte enfin les on a trop de mains
Les on ne sont pas des monstres
Il y a des on beaucoup trop communs et personne n’entend les je à l’agonie
C’est dommage quand mm
VERSO
Oui et son pendant oui à son penchant nous n apprenons pas assez à dire un non substantiel celui qui ronge le ventre celui du bout des doigts des lèvres à demi
Un non fort pas juste d’opposition par principe mais parce que sans opposition il y a juste une rivière qui coule et engloutit le oui n’est pas paisible il est facile le non devrait être le premier mot avant dire non pour grand oui jouir non et distance non et limite non non non pour que le oui prenne de la valeur qu’il existe en vrai qu’il colle au yeux qu’il grandisse l’arbre et poursuive en terre non pour oui oui parce que non et l’enfance au chaud pendant les vacances d’été sans risque d’éclatement
Sans risque de ce mot écrit sur un petit papier sos dans boite aux lettres j’ai besoin d’aide pour moi car ma famille comme un chien me frappe me pince me traite comme son esclave
Oui à dire l’endroit à dénoncer le bleu
Oui pour l’indifférence à déplorer
Non au oui mais à déclinaison variable et dommage collatéraux le oui non mais d’accord deux poids mesures s’arrache à nos vagins
C’est dommage quand même
non
..il aurait été dommage de ne pas les écrire ces oui et ce non.. merci pour ton texte à haute voix.
Merci pour l écoute!
beaucoup beaucoup aimé la lecture du Recto distincte claire articulée et comme le on ressortait
Merci la poésie pour moi est aussi affaire de son
« personne n’entend les je à l’agonie »
tellement vrai et puissant… et finalement, rien que pour ça, tu as bien fait de détourner la consigne en t’appuyant sur les « on » plutôt que sur les « il y a » !…
merci J. pour le son
je n ai même pas fait exprès de détourner la langue se détourne seul au fil de l ecriture!;)
Brutalité de la langue. A chaque fois reçue comme un coup de poing. Merci pour ce texte.
« il y a des ombres autour des langues il y a la mémoire qui goûte salée sur les cuisses »
Mercj Betty de ton passage. Ça fait un moment!;)
une inconditionnelle mais tu le sais Jen !
😉 merci de me lire toujours!;)
Je découvre ton écriture. Quel choc ! Lecture et voix qui soulignent magnifiquement les inflexions des textes. Un vrai recto-verso, et une proposition dans la proposition : le « on » dans le creux du il y a (versus le je) et le « non » dans le creux du oui. Tissage terrible : la chute, la négation dans le recto déjà, l’annulation du je quand trop de on qui tordent, l’annulation du oui, si pas suffisamment de non. Et tellement ça, tout, avec une telle densité. Pas une phrase qui ne touche pleine cible. Et il faut que je relise encore. MERCI !
Merci Émilie de ton écoute et ton message. Et oui je suis bien une femme qui écrit d ailleurs pas mal sur les indignités faites aux minorités! 🙂
Mon premier recueil est paru chez Gros texte autour des féminicides si jamais… Ici des hommes! Au plaisir!
si heureuse de t’entendre lire ! merci pour tes textes et la voix !
Oui et j aimerais pouvoir mieux diffuser l audio. Mais c est plus compliqué que la vidéo je crois. Certains blog acceptent les vidéos mais pas l audio. Mais on en reparle tout bientôt.