RECTO
Il y a. Stupéfaction, étonnement, effroi, vertige. Il y a. Es gibt. L’être est là, là, sans qu’on ne sache pourquoi. Il y a, étonnement et appel. Il y a. Quelque chose et non pas rien. Pourquoi?
Il y a, le déjà là.
Il y a, preuve du réel, de l’effectif. Pas en puissance, la puissance c’est un possible, un qui peut ne pas advenir, des rêves, des promesses, une infinité de possibles peut-être, mais il y a c’est en acte, c’est effectif, là, bien là, réalisé, effectué, les deux pieds dans le réel.
Il y a cette nouvelle que tu ne veux pas entendre, il y a ces mots qui ont été dits, et tu as beau vouloir retourner en arrière, ne les avoir jamais entendus, il y a eu ça, ça il y a que c’est arrivé, catapultée, que tu le veuilles ou non, le croies ou non, il y a eu ça qui est arrivé.
Il y a eu, il y a eu nous, il y aura eu nous, nous comme eux, nous qui filons, nous qui n’avons pas vocation à rester.
Il y a l’odeur du coquelicot, des pétales pales et fripés entre les doigts
Il y a des événements qui viennent trouer ce qu’il y a. Dorénavant il y a un avant, il y a un après.
Il y a des souvenirs collés aux paupières, qui cognent, prêts à ressurgir.
Il y a cette montagne qui s’obstine, qui s’obstacle, qui fait quoi, là?
Il y a le bruit de l’eau, du fleuve, de la rivière, du ruisseau, du torrent, de la mer
Il y a quelqu’un là, une main qui saisit la tienne, quelqu’un
Il y a. Apparition. Surgissement.
Il y a. Du tangible. Quand tout vacille. Il y a ça.
Il y avait. Ils étaient. Maintenant il y a toi, toi pour les conserver, leur faire, te faire, rempart, maison, temple, reposoir, photophore, porte-voix, relais.
Il y a ceux qui sont pleinement là. Le chat.
Il y a les insatisfaits. Il y a les angoissés. Il y a les pressés. Il y a les placides. Il y a les apathiques. Il y a les irréfléchis. Il y a les solaires. Il y a les charismatiques. Il y a les transparents. Il y a les attentifs. Il y a des cases où les ranger. Il y a la complexité des êtres.
Il y a une porte dans le mur du jardin, un ruisseau, un livre.
Il y a des mots qui ressurgissent, des mots d’un autre temps, d’une autre langue, qui reviennent, les premiers, par flux, ils s’imposent.
Il y a. Le socle.
Il y aura. L’insouciance, l’inconscience.
Il y aurait. Regret.
Il y avait. Quand? De toute éternité.
Il y a eu. Evanescence .
Il y a le gardien de l’Être. Et celui qui les prononce, ces mots. Solennellement, tout en se moquant un peu de soi, quand même.
Il y a ce qui est là et qu’il faut saisir le temps d’un il y a.
Il y a les freins, les empêchements, il y a le tumulte, le non sens, l’insupportable, les coeurs fermés, la haine, l’indifférence, l’oubli qu’il y a ça, offert, ça, là, à protéger, contempler, aimer, donner.
VERSO
Oui, oui-da, oui opine, oui acquiesce, oui branle la tête petit chien en plastique sur la planche arrière de la voiture, oui dit l’enfant sage, oui dit-on au maire, au curé, au policier, oui dit-on au patron, oui à celui qui demande, oui à celui qui attend confirmation, oui acculé, oui poli, oui servile, oui passif, oui indifférent, oui paresseux, oui grégaire. Oui pour rien. Oui ne m’embêtez pas. Oui tout ce que vous voudrez. Oui quand il faudrait dire non. Non à l’évidence, non à ce qui crève les yeux, non à la lâcheté, non parce que ce n’est pas acceptable, non parce que vous n’avez pas le droit, non parce qu’il y a un doute, non parce qu’on résiste. Non, on le dit. Non par réaction, non de contre-pied, non d’impatience, non par désintérêt, non par paresse, non par peur. Ne pas prendre un oui pour un non. Embrasser du oui, dessiner du non.
Foissonnant ! Des belles ouvertures vers d’autres il y a, ceux de quoi sont faits ces prémisses. Les lira-t-on ? La suite le dira. Merci Betty,
Merci Catherine. Pour l’instant, j’avance au gré des consignes, sans avoir encore déterminé un fil directeur. Les fois précédentes, il m’a fallu attendre quelques consignes avant que ne se dégage, pour moi, une piste qui fasse sens, pour moi, un arpent à creuser.
Très fort ce recto, chaque il y a comme un coup de poing pourtant subtil, marquant. Merci Betty
Merci Muriel pour ce retour.
très beau, ta variation conjuguée, et intrigante… parfois ça appelle, parfois ça repousse,e t toujours le tumulte
je garde en moi ce « Il y a ce qui est là et qu’il faut saisir le temps d’un il y a. »
Merci Françoise.
Du temps et de l’espace pour tous ces Il y a et Oui-da on s’y inscrit. Merci
Merci Louise!
Il y a. Quelque chose et non pas rien. Pourquoi?
Et ce Verso un sacré rythme qui mériterait la voix haute 🙂
Ai suivi tes conseils et indications et voilà l’enregistrement audio! Merci Jen 🙂