Un jour je regarderai les images du 125 faubourg – un feuilleton je les regrouperai j’en ferai quelque chose – un billet – un ouvrage – un ouvroir – c’est en face de la rue – mais je ne vais pas recommencer, je vais sans doute simplement commencer, ce n’est pas le lieu, ce n’est pas le jour, ce n’est pas l’heure – je n’avais pas cette intention en commençant, je te parle d’ici, je n’en avais aucune sinon de rendre compte de certaines études, enquêtes, travaux que je menais alors avec cette satanée mémoire de la librairie contemporaine, je n’avais d’ailleurs aucune quelconque appétence pour ce médium-là, je veux dire l’internet (on l’affublait alors d’une majuscule), je me souviens du carnet punaisé sur la porte, le crayon pendant au bout d’une ficelle elle aussi punaisée : une espèce de répondeur (je ne voulais pas de téléphone, je n’en avais pas les moyens et de ces moyens-là – travail famille patrie pour résumer – les trilogies des années trente en Allemagne se déclinait en trois K et au Portugal en trois F – t’as qu’à voir l’obédience – je n’en avais que foutre trente ans plus tôt) et je m’y suis mis plus tard, il faut croire – il y avait un type qui photographiait son lit tous les matins, un autre qui racontait les tenants et les aboutissants (c’est une expression qu’on pourrait acronymiser ltela) des chansons d’un groupe, d’un disque d’un album d’une seule de ces chansons – il me vient (je l’ai mis en commentaire quelque part) cette chanson que je vais faire tourner Cortez the Killer (sept minutes trente) – je n’avais pas cette intention mais les appareils photos étaient mués en téléphones (l’inverse c’est vrai mais la plupart du temps c’est mon usage) (j’appelais mon ami sanaryote tous les mardis ou mercredis ou à d’autres moments pour avoir des nouvelles comme on dit – à ce moment-là il vivait rue Beccaria il me semble bien ou alors rue Saint-Maur en face de ce vigneron qui tous les mois de septembre faisait de la vigne qui entourait son magasin (un restaurant) un vin peut-être en tout cas une vendange (ça s’appelait chez Truc – non je ne sais plus, ça existe toujours je crois bien je trouverai – hors de prix, Melac

) c’était avant le cinéma, deux ans avant sans doute (je vais et je viens dans le temps, alors que, pour le type en petite chaussures blanches whisky cigarettes & p’tites pépées c’était entre ses reins – on a les références qu’on peut) (au sujet de ladite ptite pépée d’alors, on apprend dans les entrefilets des victimes de la mode – expression salace qui veut faire croire, encore, à l’existence de ce genre de malheureuses personnes – un peu comme celles influençables après lesquelles courent toutes les ménagères de moins de cinquante ans, tu te souviens – on apprend donc que le sac à main d’icelle, d’un faiseur de maroquin, s’est échangé il y a peu contre huit millions et demi d’euros lors d’une vente aux enchères) à cette époque-là, cet ami vivait rue de Charonne ou je mélange tout – un jour, en août, il s’est laissé glisser, ça a dû commencer lors de la reprise de son crabe à la gorge fin juin – sa fille m’a informé, j’aurais pu y aller mais non, ces trucs-là ne me plaisent pas, si je peux y échapper, je m’en porte mieux et comme dans ces occasions, je suis celui qui reste je préfère opter pour ma santé – c’était mon ami, ce furent ses cendres dont on avait convenu, avant qu’il ne change d’idée, qu’elles seraient épandues dans le lac de Saint-Mandé – il avait un an de moins de que moi, il avait fait louis lumière après deux années de math sup et spé – il devait intégrer un truc chimie-physique ou l’inverse vallée du Rhône pétrochimie atome quelque chose et a jeté le bazar aux orties – tout le monde a le droit à l’erreur, je n’avais pas voulu de ces classes dites préparatoires bien que me destinant, à un moment, à l’ingéniorat mécanicien je passerai par l’université la fac j’en sais rien un truc encore – encore un truc, si tu veux voir, c’est cet aveuglement, cette façon de ne pas vouloir voir (par exemple, et si souvent toujours cette façon de ne pas dire les choses, raconter les histoires et de ne garder que l’écume peut-être – j’ai cette idée de Simone Kaminker encore (elle est de 21) qui doit se faire avorter parce que début quarante il n’est pas question de garder quelque enfant que ce soit d’un amour (probablement) adultère nettement plus âgé (banquier, je crois bien – ou alors producteur de cinéma ?) et qui, chose faite et terreur absolue consommée crois-je comprendre, demande asile à des amis : ils vivaient rue Médicis, elle prendra la chambre du petit (au sixième, celle de la bonne tsais) lequel n’aura qu’à se taire – l’âge de ce petit Daniel (en 43, le type qui est de 28 a quelque chose comme quinze ans) – pas un traître mot de l’épisode dans la Nostalgie (qu’elle écrira devenue Signoret), ce qui se comprend peut-être mais le petit s’en souvient cependant, et lui en garde rancœur dans son ceci n’est pas une autobiographie – tu vois, tout dépend du point de vue – qui n’est pas aveugle ? qui ne veut pas voir… mais cependant quand même pour ici disons, où je mêle allègrement l’avant et l’après ainsi que demandé (plus ou moins) ces fables d’un temps ancien, mixées avec celles plus présentes et celles où le travail change, il n’est plus rémunéré – les gens cités sont partis décédés morts enfuis (encore que le Filippachi soit toujours en vie, du côté de New-York quarante-quatrième rue ou quelque chose)
on ne sait jamais dans quelle direction se dirige se rend va se perd ces suites de mots - j'avais sans doute besoin de m'échapper de Rome (Montalcini 8 (l'adresse de sa prison), ou Forte Trionfale 43 (celle de son appartement troisième étage où l'attend Noretta) je crois bien) - j'ai vaguement conscience de perdre le fil (pourtant tendu mais ténu) quelque chose de ces rues-là (j'avais déjà vaguement dérapé non loin du 125 pour l'écopoétique) j'espère ne pas (trop) vous perdre, vous qui passez par ici (le titre pour ne pas te perdre dans le quartier conviendrait évidemment) - le travail entrepris qui tente de tisser cette affaire de terreur avec mes propres vingt-cinq ans pourrait ne pas avoir à s'en servir - c'est ensuite sans doute (j'espère) que se feront tissage, montage, collages biffures et adjonctions
Je ne me suis pas perdue, je me suis laissée emporter, merci Piero.
merci à toi Clarence
Je me suis perdue emportée donc un peu pas perdue tout à fait trop… ( il y un type qui photographie son lit tous les matins, ça l’arrive aussi très souvent pas tous les matins du monde ce qui est sûrement dommage car là ce serait vraiment le début de quelque chose ) « mais je ne vais pas recommencer, je vais sans doute simplement commencer, ce n’est pas le lieu, ce n’est pas le jour, ce n’est pas l’heure – je n’avais pas cette intention en commençant, je te parle d’ici, » cette phrase me fait rêver …
@Nathalie Holt : parfois je m’y perds moi-même – je relis – je recommence – j’euphémise (j’articule de parenthèses – de tirets – je ne me souviens plus je reviens, et j’oublie – je garde la ligne – floue – distendue – parfois moins – en tout cas merci de chercher à suivre Nathalie…