Quand je pense à Agatha, je nous vois sur le petit pont, appuyée à la rambarde en fer noire rouillée à cracher dans la rivière qui passait aux abords de notre école. Elle est grande avec une solide carrure que lui procure les bidons d’eau qu’elle transporte tous les jours pour abreuver ses deux chevaux islandais à la robe claire. L’entretien de l’écurie en sortant le crottin à la fourche été comme hiver et la brouette dans les pentes de la montagne où elle habite lui on construit des biceps qui lui permettent de battre avec fierté la plupart des gars de notre classe au bras de fer. Elle est très attachée à ce que Fiona et Gabi les deux juments vivent dans une écurie impeccable qui reçoit plus de soin que sa propre chambre. Elle passe de nombreuses heures à leur côté à les brosser, les étrier, tresser leur crinières curer leur sabot. Dans sa chambre il y a une photo d’elle en veste épaisse rouge, ses longs cheveux blonds lâchés couché contre le flan de Fiona. J’aime beaucoup regarder Agatha manier la fourche, saisir les boules de crottin en remuant la fourche pour que la paille retombe et d’un geste puissant les lancer dans la brouette. Elle a cette façon de rassembler au centre du box de la pointe de la fourche tous les brins de paille comme si la paix ne pouvait être atteinte qu’un fragile moment par l’ordre empaillé rapidement dispersé. Il y a chez Agatha quelque chose d’une démonstration de puissance et de maitrise de son corps de sa capacité à faire derrière laquelle je sens une vulnérabilité qui ne sait comment s’exprimer. Nous passons toutes nos récréations ensemble et c’est un soulagement pour moi car je ne sais pas comment être en lien avec les autres individus de ma classe. Notre relation semble inquiéter certains adultes qui ont déjà tenter d’interférer dans notre amitié en nous interdisant de nous assoir côte à côte pendant les cours. Cela n’a rien changé. Elle est la seule avec laquelle je parviens à passer du temps. Les autres me semblent étrange et incompréhensible. Agatha aussi mais d’une autre manière qui me semble plus simple à explorer apprivoiser. Elle n’a peur de rien et cela m’impressionne. Elle monte à cheval sans selle fait du saut d’obstacle par-dessus les troncs dans la foret court aussi vite que les plus rapide de la classe est aussi forte que les garçons. Parfois elle ne me parle pas très gentiment. J’ai souvent eu l’impression d’être un petit peu moins qu’elle jusqu’à ce jour décisif où j’ai gagné une sorte de respect nouveau à ses yeux. Ce jour-là elle m’a traité du nom de son pire ennemi Joseph. A notre grande surprise ma main a atterrit sur sa joue et nous nous sommes regardés longuement comme deux chevaliers.
Je n’ai à aucun moment imaginé que Lucie pourrait un jour me coller une baffe. Je suis plus forte qu’elle et je l’ai toujours vu comme une personne timide et peureuse. Notre amitié à très mal commencé. Nous avions 7 ans et mes pieds contactaient quotidiennement brutalement son corps jusqu’au jour où sa mère est venue me menacer comme une poule en furie. Je ne me rappelle plus vraiment comment le glissement s’est opéré. Un jour elle était devenue ma meilleure amie la seule. Elle m’écoute patiemment et semble vraiment m’aimer ce qui me surprend chaque fois. Elle croit à des tas de choses étrange la réincarnation d’autres dimensions dans l’univers le choix de nos parents la guérison de nos blessures comme chemin de vie qu’elle et moi avons déjà été amies dans d’autres vie. Je trouve ça distrayant de l’écouter et souvent je ne comprends pas vraiment. Depuis peu elle teint ses cheveux mi long en roux porte des pantalon pate d’éléphant. Elle est un peu plus petite que moi et quand elle a peur de monter Fiona a cru, je me force à être patiente. Le jour de la baffe j’ai réalisé qu’à l’intérieur d’elle il y une Lucie capable d’en coller une a quelqu’un de plus grand et fort qu’elle. Je crois que je l’ai toujours considéré comme un peu plus faible que moi. Elle a peur dès qu’elle est à plus d’un mètre du sol et elle n’a aucune endurance sauf en lecture. Elle lit plus vite et longtemps que toutes les personnes que je connais y compris ma mère qui d’ailleurs s’appelle Anita comme la sienne. Je me souviens du jour où j’ai débarqué à la bibliothèque alors qu’elle était assise dans un fauteuil rouge le long des coffres où sont rangés les bandes dessiné en face des grandes fenêtre de l’ancien couvent. Elle a à peine levé les yeux le temps de me saluer puis s’est replongé dans sa lecture. Elle ne s’est pas levé je me suis sentie jalouse des livres et toute petite. Je venais d’entrer dans son royaume.