LA BOÎTE AUX LETTRES
C’est un objet tranquille, qui ne bouge pas, quel que soit le vent, quelle que soit la pluie, elle accueille. Pas toujours dans de bonnes conditions quand il pleut, que le courrier est très abondant, qu’il dépasse de la fente extérieure ou de l’espace intérieur entre le toit de la petite maison de bois toute verte et la petite porte par laquelle on récupère les lettres et les prospectus. Quand il fait beau et sec, on peut laisser la porte ouverte et s’en servir comme étagère.
LES JEUNES FÈVES
L’intérêt, c’est de les manger au jardin. On les cueille au jardin d’avril, lorsqu’il commence à faire assez bon pour y rester de longs moments même immobile. Avant d’écraser la gousse entre gousse et index pour en séparer les deux parties, il faut prendre d’abord le temps de fendre la gousse avec l’ongle du pouce. Une fois fait, on peut se sucer le revers de l’ongle, il y reste toujours un lambeau de gousse, c’est très vert. A côté, la fève est vert tendre, elle a bien un côté un peu amer mais aussi un côté tendre, surtout qu’on la mange le plus souvent avec une rondelle de saucisse sèche qu’on a sortie de la cuisine. On connaît ainsi ses premiers printemps.
L’ESPACE DES BRANCHES BASSES DU FIGUIER
On dirait que c’est le seul espace conçu pour un corps de huit ans. On peut s’y hisser sans aide, les fesses trouvent à se caler, le haut du dos se cale, les pieds aussi, sans avoir à s’étirer dangereusement. Une fois qu’on est là, le temps peut durer, la boite aux lettres est là pour servir d’étagère, on peut prendre le temps de fendre les gousses et de croquer les jeunes fèves. Quand c’est l’été, on disparaît dans le feuillage depuis la maison, il peut se passer du temps avant qu’on vous trouve. Mais de là-haut, on peut scruter une bonne partie de l’impasse et appeler les deux autres Phil si on les sent disponibles au jeu !
J’adore ! « Quand il fait beau et sec, on peut laisser la porte ouverte et s’en servir comme étagère. » « Une fois fait, on peut se sucer le revers de l’ongle, il y reste toujours un lambeau de gousse, « « On dirait que c’est le seul espace conçu pour un corps de huit ans. « on est dans les choses et chaque fois un petit monde sensible se déploie et le corps vit . Merci
Quelque chose de lumineux attrapé dans du quotidien. J’ai beaucoup aimé cette justesse et cette fraîcheur. Merci
ah le tendre et l’amer de la fève mangé sur place comme la moule sur le rocher ! si frais, si doux
tu me touches, là, d’autant que j’ai raté mes fèves cette année…
géniale triade volée à ce petit coin de jardin…
J’aime beaucoup et les fèves et votre texte, si lumineux. Merci!