Des œufs à la vierge / revisite#6

D’abord le jardin. Le jardin tellement connu mais surtout exploré à partir de la grande allée. Pour aller au-delà, obligation d’avoir l’excuse d’aller arracher de l’herbe ou d’aller ramasser des fraises. La grande allée déjà bien suffisante puisqu’elle avait la taille des baleines. Se prêtant donc, d’habitude, à tant de jeux de va-et-vient à l’allure lente des boules de pétanque Continuer la lectureDes œufs à la vierge / revisite#6

#revisite #05 | Being two, Bintu

Bintu, j’essaie ainsi de te parler. Je suis obligé de partir du compliqué qui est en moi. Au moment de commencer, de dire « je », d’inviter Bintu à te tenir les mains, te reviennent les blocs du monument de Berlin commémorant la Shoah… Allez, j’ose te l’écrire enfin : chère Bintu… Les lettres de Bintu écrites sur du papier à petits carreaux, Continuer la lecture#revisite #05 | Being two, Bintu

Chapitrage / Le double voyage #9

A Tambacounda, à l’attente du poste d’octroi, comme on a bien le temps avant que chacun puisse poursuivre sa route, Mathieu me raconte comment il est devenu Babudu, tout près de là, comment il n’a jamais pu l’écrire, à quel point il a eu besoin d’en enregistrer des fragments, jamais rassasié de cela, comment aujourd’hui il est revenu là pour Continuer la lectureChapitrage / Le double voyage #9

Premier palier de replongée / revisiter #2

La fournaise du ventre au réveil. Ce n’est pas de l’appétit. C’est encore moins de l’envie de manger. L’obsession que quelque chose doit s’ouvrir, que quelque chose doit se passer, de l’ordre de ce pour quoi j’aurais vraiment un appétit, un définitif appétit. Les larmes qui pèsent tout au bord des paupières. Cela peut venir aussi bien de ce qui Continuer la lecturePremier palier de replongée / revisiter #2

#voyages #07 | Jalons, destins..

Le départ est maintenant opaque. N’en restent que des odeurs, paradoxales, celle du revêtement neuf des banquettes d’auto avec les petits bouts de plastique qui restaient accrochés autour des fixations d’appui-tête et celle des vieux carburants qui sentaient si bon le plomb. Il y avait bien sûr le jeu des accélérations et ralentissements de sortie de la ville et le Continuer la lecture#voyages #07 | Jalons, destins..

#voyages #06 | Au-devant du petit soir, voyage, voyage…

Je suis devant vous, les voyageurs… Je dois vous parler de voyage mais c’est vous, les voyageurs au péril de leur vie ! Je vais quand même tenter de vous montrer ma monnaie d’échange, voir si ça peut vous intéresser, voir si vous savez au moins faire semblant de vous intéresser, ce qui peut être utile ici… Alors, voyons, voyons un Continuer la lecture#voyages #06 | Au-devant du petit soir, voyage, voyage…

Kononto / Le double voyage #05

Au moment où le train déraille, nous sommes encore dans l’enthousiasme de la découverte. Il y a eu les parfums de l’Afrique, forts et musqués, dès l’aéroport de Bamako. Il y a depuis, bien sûr, la présence permanente de la chaleur, l’impossibilité de trouver encore les vêtements qui s’y adaptent. Dans le train, ce sont les conversations. Elles bruissent de Continuer la lectureKononto / Le double voyage #05

Goodalninhalte / #4 Le double voyage

Good evening Sir, good evening Madam. We are French people travelling by bicycle through your country. And we’d like for the night to find a place to put our tents… Le discours commence à se roder. On pourrait peut-être l’améliorer encore. Your country ? Pourquoi ne pas qualifier en : Your beautiful country ? Your wonderful country ? Sauf qu’on en a les mollets Continuer la lectureGoodalninhalte / #4 Le double voyage

Arkhangelsk / Le double voyage #3

Arkhangelsk, voyage subarctique promis. Arkhangelsk, un avion à hélice. Arkhangelsk, de la tôle qui vibre. Arkhangelsk, du froid qui fait craquer, à certaines saisons. Arkhangelsk, les trottoirs éclatés. Arkhangelsk, les couloirs qu’on n’entretient plus. Arkhangelsk, les façades dont on se moque gentiment puisque tout se passe derrière. Arkhangelsk, à cette saison-là, jusqu’à plus de minuit l’immense et lumineux estuaire de Continuer la lectureArkhangelsk / Le double voyage #3

Echouer à Tambacounda / Le double voyage #2

La tête devient trop lourde, elle cogne sur les épaules au rythme des cahots du taxi-brousse. Il ne s’appelle pas encore S’en fout la mort. Mais il pourrait. L’affaiblissement extrême peut porter au rire. Rire de la poussière qui joue à faire des nuages, rire de la chaleur solaire qui envahit tout. Le ventre en est rempli, n’accepte plus l’eau Continuer la lectureEchouer à Tambacounda / Le double voyage #2