Les causes perdues / Nouvelles #3

La ruse des cadres creux

Les rayeurs de muraille

Toi le feu

Au versant de l’autre

Esclare !

En un impassible jardin

Le roman de Rohou

Croisements en mère noire

Lam des carnets

Tambacounda sucré passé

Passage bis de maigre

Euranglaiserie

Philosoficelles

Ivanka

La preuve par douze

Afrikub

Un ancien garage sans doute. On a dû y réparer des vélos, il y traîne encore des pièces détachées dans un coin. Des doigts plein de cambouis se sont frottés au mur et, au changement d’utilisation du local, on n’a pas eu envie de nettoyer ça. Il y a aussi un coin de sol et de mur tout noirci, comme si un incendie y avait pris un jour. Plus haut, des rectangles sur le mur qui ont dû être longuement protégés des rayons du soleil par des posters sans doute. Genre calendrier de camionneur, pas forcément au goût de tout le monde. De quoi faire jurer les bonnes âmes ! Ou regarder pudiquement de l’autre côté de la rue, là où poussent les pivoines, les tulipes et les myosotis. Mais à l’intérieur, à tant forcer sur des boulons grippés avec tous les ahanements possibles, on a sans doute l’imagination qui doit pouvoir s’échapper et en faire jaillir de sacrées histoires ! A moins que ce ne soit en regardant les cartes géographiques que composent au sol les échappées d’huile de vidange. Sur une étagère haute, on voit d’autres feuillets que ceux qui sont proposés à la lectures des passants et des passantes. Format carnet, de commande, de facture ou d’entretien. A savoir… Il a dû s’en claquer, à la vue de telle ou telle page, des mains sur le comptoir ! Un garage à l’ancienne, comme on en voit encore chez les vulcanisateurs du Sénégal oriental, métier disparu ailleurs… Les chambres à air y arrivent quand elles sont toutes plates et en repartent replètes. Au besoin on y fait des garrots à l’anse de sac plastique, on pourrait imaginer colmater certaines crevaisons à l’argile de bonne provenance. On fait bien tenir des rétroviseurs entre quatre brins, en priant gaiement pour que ça tienne les cahots du viatique ! Qui sait combien de noms de modèles de berlines différents ont été articulés ici, plus au moins selon la prononciation d’origine, selon que c’était Panhard, Simca ou Škoda ? On a compté les cylindres et les chevaux, content sans doute quand on retombait sur ses pattes. Mais ne cherchez pas les vieux bidons de pastilles de bouillon plus ou moins exotiques, ici c’était un garage, pas une épicerie ! D’ailleurs, s’y retrouvent désormais les causes perdues des limbes de la littérature, offertes à la découverte de celles et ceux qui s’en foutent, des imprimatur…

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