
Berlin-Ouest. Août 1989. Jugendherberge Ernst Reuter. Au nord de la ville, à la fin du secteur français. Un dortoir de huit — quatre lits superposés. À l’époque, les cigarettes étaient une nourriture. Je me souviens des Davidoff dans leur paquet brun, avec leur filtre blanc, leur fumée épaisse, leur goût de caramel brûlé. Sur le lit froissé, un Walkman et une cassette, achetée avec une poignée d’Ostmarks, le jour du passage du Mur : Cowboy Junkies The Trinity Session.
Barcelone. Novembre 1995. Pensió Selecta, Carrer del Carme. Il neige sur la mer. La chambre est glacée. Pas assez de sous pour s’offrir un repas dehors. Sur le lit, un morceau de pain, trois tomates et de la soubressade achetée au Mercat de la Boqueria. Un Discman avec le CD de Geoffrey Oryema Exile.
Belgrade. Juillet 2006. Appartement loué en banlieue lointaine, à Kumodraž. La canicule cède la place aux orages. Dans les rues, les égouts débordent et les chaussées se transforment en rivières. Impossible de mettre le nez dehors. Sur la table basse, un croûton de pain et un morceau de fromage, du kačkavalj, et une demi pastèque. Il faudra survivre avec ça. Sur le bureau, un Ipod et une enceinte : Oh my God / I can’t believe it / I’ve never been this far away from home. Mais qui chantait cela ?
Ambiances, ambiances et le temps qui passe, et la musique. Merci Xavier
Quand une géographie s’invite dans un lieu, pas courant dans les contributions en ligne. J’apprécie d’autant plus.