
Recto | Choses qui ne tiennent qu’à un fil
Ecrire
Les nuages cotonneux
Les phrases filandreuses sur du papier jauni
Les pluies d’étoiles filantes quand l’orage gronde à la nuit tombée
Les hululements d’un train arpentant la vallée parmi les meuglements des vaches
La face cachée de la lune depuis qu’on colonise l’espace en expédiant dans le ciel des nuées d’artifices
Les châteaux de sable bâtis par des enfants sur les plages et que des adultes imbéciles piétinent sans vergogne en rigolant
Le chapeau sur la tête de l’homme obstiné qui, pour suivre sa pente, lutte, le corps arcbouté, contre des vents contraires soufflant en rafales affolées
Le sort de la bataille engagée au petit matin quand il dépend de l’arrivée d’un général et de ses troupes empêtrés dans des marécages et des terres hostiles retardant leur avancée funeste vers l’ennemi galvanisé
La vérité quand elle vacille, isolée sur un éperon rocheux frappé par les ressacs d’un océan de mensonges, de tromperies et d’artifices, tentant de prendre pied tant bien que mal sur une arête glissante pour se retrouver en équilibre précaire, prête à choir et disparaître, engloutie, sous les yeux hagards de fossoyeurs égarés
Le temps perdu, le temps passé à ne rien faire, pas même tourner les pages d’un livre ni contempler dans le ciel les myriades, le temps pour rien, tournant sur lui-même, sans fin, simplement le temps, immobile, indifférent, lointain
Traverser la rivière sur la barque du vieux nocher, toucher l’autre rive où l’on rêve, quand de barque et de nocher, il n’y a plus, ni de rêveuse au bord de l’eau qui dort
Le léopard de l’amour, le saola, le kakapos, le vaquita, le paresseux nain, toutes espèces menacées parmi tant d’autres
Les pétales de roses
La jeunesse
Aimer
Verso | Tout lieu est une histoire

notes en vue d’un livre (peut-être)
Le chemin montant.
La vigne abandonnée.
L’herbe aux lapins.
La pinède aux palombes.
Chanteperdrix.
Le soleil couchant sur les plaines.
Le pont-canal.
Le chemin de halage.
Platanes au bord de l’eau.
L’éclusier de Madame.
Le chemin tournant.
La meunerie au bord du fleuve.
La grille du château.
Le jardin suspendu.
Le clocher forteresse.
Sous le porche, Christ débonnaire.
La rue des glycines.
Le café de la place.
A la belle Hortense.
Le boucher de l’élite.
Coiffure pour dames.
Journaux, clopes et pacotilles.
Les bains-douches.
Le boulodrome.
Le terrain de rugby.
La rigole de l’étang.
Le bassin-lavoir (souvenir des lavandières)
Le pont de La Serre.
Le pont suspendu.
La barque et l’embouchure.
Sur la rive du fleuve (la partie de pêche).
Vendanges à la cave.
La rue des jardins.
Le cimetière vieux.
La maison des morts.
La maison hantée.
La maison de famille.
Le jardin de derrière.
Codicille
Toute photographie est une histoire.
J’aime votre titre : « Tout lieu est une histoire », reste à l’écrire.
Quelle angoisse !!! Je vais essayer, petit à petit, sur la pointe du bic ! mille mercis pour vos encouragements.
Quel texte magnifique , inspirant et poétique , vraiment entre écrire et aimer tout un monde … bravo !
Merci Carole, votre lecture me touche. J’ai du retard dans mes lectures de vos propres textes. Je reviens vite vers vous, promis.
Je relis cette traversée du temps et de l’eau (mais c’est la même chose, non? ces marécages, cette rivière et son nocher) et j’aime beaucoup.
temps et eau, cela ferait un très beau titre, à la manière de Holderlin. Merci à vous.
nombreuses sensations réunies là
et tant de jardins, de rivières, de maisons que je ne peux que m’y plaire…
merci Serge